Le franc suisse poursuivait mardi son envolée face à l'euro après les nouvelles annonces concernant un possible abaissement d'un cran ou deux de la note du Portugal, la devise helvétique jouant plus que jamais son rôle de monnaie-refuge.
Après avoir enregistré plusieurs records dans la matinée, le franc suisse a franchi dans l'après-midi la barre des 1,26 CHF/EUR. La devise helvétique s'échangeait ainsi à 14H53 (13H53 GMT) à 1,2598 franc pour un euro, un nouveau record.
La zone euro étant le principal débouché des exportations helvétiques, la cherté du franc suisse commence à peser sur les entreprises suisses qui perdent en compétitivité au fur et à mesure que le franc s'apprécie face à l'euro.
Face à la crise de la dette qui plombe l'euro, les investisseurs se précipitent sur le franc, considéré comme une valeur-refuge en raison de la stabilité politique et économique de la Confédération.
"Aucune issue ne paraît possible pour stopper l'ascension de la monnaie helvétique", avertissent les analystes de la banque Pictet, dans une note.
Selon ces derniers, "le scénario catastrophe est en place pour notre institut national (BNS, banque centrale)" et "les investisseurs ne semblent intéressés plus que par le franc suisse".
Le président de la Banque nationale suisse, Philipp Hildebrand, aurait dressé devant le gouvernement helvétique un sombre tableau, dans des propos rapportés par le journal Sonntag.
L'euro risquerait ainsi de s'effondrer si la crise de la dette devait aussi toucher le Portugal et l'Espagne, ce qui pourrait entraîner le franc à un niveau jamais vu de 50 centimes pour un euro, selon le patron de la BNS.
Ces propos n'ont pas été commentés par l'institut d'émission, selon Sonntag. Les spécialistes interrogés par l'AFP ont quant à eux estimé qu'il s'agissait d'un scénario "extrême" peu plausible.
La banque centrale suisse ne devrait cependant pas intervenir sur les marchés, comme elle l'a fait à plusieurs reprises depuis 2009 en rachetant des euros contre des francs suisses.
"La BNS a compris à quoi menaient les interventions sur les marchés", a précisé Andreas Küffer, cambiste à la Banque cantonale zurichoise (ZKB), en allusion aux 226,7 milliards de francs suisses en placements de devises engrangés par l'institut d'émission à la fin du deuxième trimestre.
La revalorisation de la monnaie helvétique a entraîné des pertes de change de 21,2 milliards de francs suisses sur ces placements, faisant plonger les comptes de la banque centrale dans le rouge.
Mais pour Marcus Hettinger de Credit Suisse, le franc est "massivement surévalué" et devrait se stabiliser vers 1,30 CHF/EUR sur un an.