Un syndicat de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) a déploré "une communication gouvernementale caricaturale voire mensongère" sur les incidents liés à la participation des jeunes aux manifestations sur les retraites, présentés à tort comme des "délinquants chevronnés".
Selon des informations recueillies par le SNPES-PJJ/FSU dans les juridictions de Lyon, Nanterre et Bobigny, 40 mineurs interpellés durant les manifestations ont été déférés depuis mardi. 28 d'entre eux étaient inconnus de la justice, 14 "ont fait l'objet d'une demande d'incarcération", précise vendredi le syndicat dans un communiqué.
"La forte proportion de jeunes inconnus de la justice, ainsi que la nature des dossiers des autres, montrent que les mineurs déférés ne sont pas ces délinquants chevronnés et organisés auxquels les propos du gouvernement tentent de les assimiler", affirme-t-il.
"Mais pour afficher une politique musclée, il procède, sans discernement, à des arrestations massives", ajoute le syndicat, estimant que "le fort dispositif policier" mis en place à Lyon "dès le début de la matinée de la manifestation est significatif d'une volonté du gouvernement d'entretenir un climat de tension".
Selon lui, "cela révèle une très grande peur vis-à-vis de la jeunesse et en particulier de celle des banlieues".
Le SNPES-PJJ considère que les émeutes de 2005 avaient révélé "une situation d'exclusion économique et sociale renforcée par des discriminations ethniques". Cet "avertissement n'a pas été entendu", "bien au contraire" selon lui, au vu des moyens et budgets "amputés" depuis.
L'implication des jeunes défavorisés dans les manifestations "se comprend (...), leur révolte également", estime enfin le syndicat, qui "dénonce la tentation (de les) utiliser comme un épouvantail".