L'enjeu de la réforme des retraites porte "à 90%" sur l'emploi car "il faut s'assurer que les seniors resteront sur le marché du travail", juge le directeur du département Economie de la mondialisation à l'OFCE, Henry Sterdyniak, dans Le Parisien/Aujourd'hui en France de lundi.
A la question de savoir si le report des bornes d'âge ne vont pas se heurter au chômage des seniors, M. Sterdyniak répond que "c'est un souci".
"Si l'on veut que le report de 60 à 62 ans porte ses fruits, il faut s'assurer que les seniors resteront jusque-là sur le marché du travail" et "il faudrait créer 1,4 million d'emplois dans les 10 ans à venir", explique-t-il.
"Le gouvernement table par ailleurs sur un taux de chômage de 5% en 2020, ce qui nécessiterait, à nouveau, de créer 1,4 million d'emplois. Au total, pour créer 2,8 millions d'emplois en une décennie, la croissance devrait atteindre 2,7% par an. C'est un chiffrage très, très optimiste", ajoute cet économiste.
Il estime que "si la version pessimiste devait l'emporter, on paiera à terme moins de pensions, mais bien plus d'allocations chômage". "A 90%, l'enjeu de cette réforme porte donc sur l'emploi", selon lui.
Interrogé sur la situation française comparé aux autres pays européens en matière de retraite, M. Sterdyniak observe qu'"à court terme, notre situation est plus tendue" car "du fait du baby-boom de l'après-guerre, les générations qui atteignent aujourd'hui l'âge de la retraite sont très denses".
"A long terme, en revanche, notre taux de fécondité très dynamique nous placera dans une situation plus favorable que bien d'autres. Il y a une décennie difficile à passer", poursuit-il.