Le groupe français Saint-Gobain va achever son recentrage sur les matériaux de construction, jugés plus rentables, en procédant à l'introduction en Bourse de ses activités d'emballages en verre, secteur où il occupe le deuxième rang mondial.
"Dès 2007, j'avais clairement indiqué que le conditionnement ne s'inscrivait plus dans la stratégie de développement du groupe, désormais centrée sur les marchés de l'habitat", souligne le PDG Pierre-André de Chalendar, dans un communiqué diffusé mercredi.
L'antique Compagnie Royale des Glaces, fondée en 1665 par Colbert pour échapper au monopole de Venise, va réduire ainsi un peu plus ses liens historiques avec les métiers du verre. Il y restera encore toutefois présent dans le verre pour le bâtiment et les parebrises automobiles.
Saint-Gobain, qui n'a cessé d'évoluer depuis trois siècles, sera donc bientôt désormais recentré sur trois secteurs: les produits pour la construction, la distribution de matériaux de construction et les matériaux innovants.
M. de Chalendar avait indiqué fin juillet lors de la publication des résultats du premier semestre 2010 que le "moment de la vente de la division conditionnement se rapproche".
Saint-Gobain a toutefois indiqué à l'AFP que, au moins dans un premier temps, il conserverait la majorité de ce pôle, appelé Verallia et no2 mondial derrière l'Américain Owens-Illinois.
L'introduction en Bourse de Verallia est envisagée pour le deuxième trimestre 2011, précise-t-on chez Saint-Gobain. Le groupe n'exclut pas en fonction de l'état du marché boursier de céder ensuite une fraction supplémentaire du capital.
Présent dans 12 pays avec près de 15.000 salariés, le pôle conditionnement de Saint-Gobain a réalisé en 2009 un chiffre d'affaires de 3,4 milliards d'euros.
Ce pôle conditionnement est un producteur majeur de bouteilles pour le marché des vins et spiritueux, et de pots pour les produits alimentaires. Il est également présent sur les marchés de la bière, des jus de fruits, des boissons non alcoolisées, des eaux minérales et des huiles.
Comptant 191.500 salariés dans 64 pays, Saint-Gobain, après avoir avoir affronté en 2009 la crise la plus grave depuis l'après-guerre, a retrouvé la voie de la croissance au premier semestre en réalisant un bénéfice net de 501 millions d'euros, multiplié par quatre sur un an, et un chiffre d'affaires de 19,5 milliards d'euros, en hausse de 4,3%.
Ce redressement, après une augmentation de capital de 1,5 milliard d'euros en 2009, s'est opéré au prix notamment d'une réduction des coûts de 2,1 milliards d'euros de 2008 à 2010 et une diminution de l'endettement tombé à 9,1 milliards à la fin juin.
"Après trois années difficiles, les conditions de marché pourraient être susceptibles en 2011 de valoriser à son juste prix une activité qui a démontré à travers la crise sa solidité industrielle et financière", a indiqué M. de Chalendar dans le communiqué.
Saint-Gobain a donc décidé de lancer "aujourd'hui la procédure visant à une éventuelle mise en Bourse qui permettrait aux investisseurs de participer au développement de cette belle activité".
Le groupe précise que "conformément aux dispositions légales applicables en matière de droit social en France, il est prévu d'informer et de consulter dans les prochaines semaines les instances représentatives du personnel concernées sur ce projet".