Le ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda, qui se dit de plus en plus préoccupé par la cherté actuelle de la devise japonaise, n'hésite plus à employer l'expression "intervention sur le marché", une menace que brandit aussi un rival politique.
M. Noda a affirmé jeudi devant une commission parlementaire que le gouvernement étudiait plusieurs scénarios d'intervention directe sur le marché des changes afin d'en évaluer l'impact potentiel.
"Nous effectuons diverses simulations", a-t-il précisé, selon les propos rapportés par les médias.
Comme la veille, M. Noda, précédemment réticent à évoquer une intervention, a aussi déclaré que le gouvernement prendrait "des mesures déterminantes nécessaires en temps voulu", ces dernières "incluant naturellement l'option d'une intervention directe sur le marché des changes".
Le gouvernement n'a pas agi de la sorte pour faire baisser le yen depuis mars 2004.
Cette plus grande liberté de ton arrive alors que le yen a atteint des sommets inédits en respectivement 15 et neuf ans vis-à-vis du dollar et de l'euro, en baisse.
Le billet vert est descendu jusqu'à 83,33 yens mercredi, tandis que l'euro dévissait simultanément face à la devise japonaise, passant sous la barre des 105,80 yens.
M. Noda emploie aussi vraisemblablement le vocable "intervention" a des fins plus politiques, alors que le gouvernement pourrait être bientôt amplement remanié.
M. Noda est en effet un des principaux soutiens du Premier ministre, Naoto Kan, défié par le vétéran Ichiro Ozawa lors de l'élection du 14 septembre pour désigner le président du Parti Démocrate du Japon (PDJ). Or le numéro un de cette formation de centre-gauche au pouvoir a toutes chances d'occuper ensuite le poste de chef du gouvernement.
M. Ozawa répète à l'envi que, s'il est élu, il ordonnera une intervention sur le marché afin de montrer la détermination du Japon et de trancher avec l'attitude jugée trop laxiste du gouvernement Kan et de la banque centrale.