La vente du domaine de 58 hectares comprenant l'hippodrome de Compiègne, dans des conditions qui ont suscité une polémique sur le rôle d'Eric Woerth, alors ministre du Budget, a donné lieu à des "discussions" avec Bercy, a indiqué mercredi le ministère de l'Agriculture.
Le ministère était interrogé par l'AFP sur une lettre, publiée mercredi par le Canard enchaîné, montrant qu'un précédent ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard, avait refusé en 2003 la vente du terrain à la Société des courses de Compiègne qui ne lui paraissait "pas possible" au regard de la loi.
Selon l'hebdomadaire, le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire a lui aussi "bel et bien tenté de s'opposer à cette vente illégale". En vain, et ses services "en auraient, de rage, bouffé toute une moissonneuse-batteuse" écrit le Canard.
"Mais solidarité gouvernementale oblige", commente le journal, le ministre avait finalement affirmé que la vente de l'hippodrome s'était faite "en plein accord" avec ses services. Il avait également dénoncé un "acharnement" contre M. Woerth.
Interrogé pour savoir s'il démentait les affirmations du journal, un responsable du ministère a déclaré: "Je ne dis rien d'autre que: +il y a eu des discussions avec Bercy et la solution trouvée (...) nous a permis de se mettre d'accord+".
"Notre souci était qu'il n'y ait pas de diminution de la surface forestière en France", a-t-il expliqué. La solution finalement trouvée, "nous permettait de racheter, grâce au produit de la vente, une surface équivalente en terme de forêt ou de terres à planter en forêt", a-t-il ajouté, invoquant une "analyse juridique qui permettait de faire ça".
L'hebdomadaire avait accusé en juillet Eric Woerth d'avoir bradé pour 2,5 millions d'euros une parcelle de la forêt de Compiègne (Oise) comportant un golf et l'hippodrome, lorsqu'il était ministre du Budget. M. Woerth avait alors vivement contesté l'interprétation du Canard.
Eric Woerth, au coeur de l'affaire Bettencourt, est sous la menace d'une procédure devant la Cour de justice de la République, juridiction d'exception qui juge les crimes et délits commis par les membres du gouvernement "dans l'exercice de leurs fonctions".