La monnaie helvétique, qui s'est appréciée face à la monnaie unique européenne ces derniers mois, a franchi mercredi le seuil historique de 1,30 franc suisse pour un euro.
La devise a atteint avant 15H00 GMT 1,2971 franc pour un euro, un niveau jamais atteint depuis l'introduction de la monnaie européenne en 1999.
Cette ascension est stimulée par l'arrêt des interventions sur les marchés de la Banque nationale suisse (BNS, banque centrale) pour soutenir le franc, considéré comme une valeur refuge alors que les investisseurs s'inquiètent du ralentissement de la reprise économique.
"Le principal bénéficiaire de ce sentiment important d'aversion au risque est le franc suisse", explique un analyste de Barclays Capital, Raghav Subbarao.
"Pour ce qui est des autres monnaies refuges, le dollar souffre des mauvaises statistiques de l'économie américaine, tandis que les perspectives du yen sont de plus en plus obscures", ajoute-t-il.
Interrogés sur une éventuelle intervention de la BNS, les analystes de Commerzbank estiment important de surveiller la publication des prochaines données suisses.
"Si les statistiques venaient à pointer un renforcement de l'économie suisse, (...) sans danger d'inflation, alors l'intervention de la BNS devrait rester peu probable", relèvent les experts de Commerzbank.
La BNS a longtemps soutenu sa monnaie sur les marchés afin de limiter le renchérissement des exportations helvétiques, vitales pour l'économie du pays.
En juin, son vice-président, Thomas Jordan avait indiqué que l'institut d'émission avait arrêté ses interventions. Il avait alors estimé que "le risque de déflation (était) largement banni", signifiant qu'il ne "faut pas intervenir" pour l'heure.
Il avait toutefois prévenu qu'en cas de retour d'un risque de déflation, la BNS allait "utiliser l'ensemble des mesures à sa disposition" pour combattre ce danger.
Certains analystes financiers ont estimé que la banque ne reprendra ses interventions que lorsque le franc suisse s'approchera de la barre des 1,25 franc pour un euro.
La BNS a déjà dépensé des milliards en intervenant sur les marchés des devises où elle a acheté des euros. Les réserves de change de la Confédération ont ainsi quadruplé depuis le début de la crise pour dépasser les 230 milliards de francs suisses (166,7 milliards d'euros) en juin.