Les prix de l'immobilier ancien s'envolent à nouveau en France à un niveau proche d'avant la crise de 2008, un phénomène inquiétant pour les professionnels qui craignent une contraction du volume des ventes surtout en cas de hausse des taux d'intérêt.
Entre les premiers semestres 2009 et 2010, les logements anciens en France se sont renchéris de 8,48%, a déclaré mardi Laurent Vimont, président de Century 21, un des principaux réseaux d'agences immobilières (850 agences), lors d'une conférence de presse.
Le prix moyen des 23.200 transactions effectuées par Century 21 au cours du premier semestre de 2010 s'est élevé à 2.508 euros/m2, un niveau très proche (-1,6%) du record du premier semestre 2008 avant la crise immobilière qui avait suivi celle des subprime aux Etats-Unis.
Sur l'ensemble de l'année 2010, Century 21 prévoit une hausse des prix de 6% des logements anciens par rapport à 2009.
Bernard Cadeau, le président d'Orpi, un des trois principaux réseaux d'agences, fait état pour sa part auprès de l'AFP, d'une hausse des prix au premier semestre de 5% alors que les transactions ont connu un "boom" de 30% par rapport à la même période de l'an dernier.
"La crise financière et boursière a démontré que l'immobilier reste une valeur refuge", souligne M. Cadeau pour expliquer ce retour des Français vers la pierre.
L'attrait de l'ancien s'explique aussi par la pénurie de logements neufs, notamment dans les grandes agglomérations, et les prix qui sont aussi repartis à la hausse dans ce secteur.
Le prix des appartements neufs au premier trimestre 2010 (3.492 euros/m2 en moyenne) a bondi de 6,8% par rapport au trimestre correspondant de 2009, selon le ministère de l'Ecologie.
A Paris, après une flambée des prix de près de 15% en un an, dont un peu plus de 10% au cours des six derniers mois, le record dans l'ancien est même battu avec un prix moyen de 7.079 euros/m2, soit 5,4% de plus qu'au premier semestre de 2008, selon Century 21.
Cette envolée des prix dans la capitale, due principalement à la demande des catégories socio-professionnelles supérieures et des retraités, n'affecte pas les volumes de vente qui enregistrent une hausse de 11,3% sur un an.
"La faiblesse de l?euro conduit également les étrangers à investir de nouveau dans la capitale", indique Richard Tzipine, directeur général des agences Barnes, spécialisées dans l'immobilier de luxe.
Les notaires de l'Ile-de-France, d'habitude très prudents, avaient estimé au mois de mai qu'on pouvait s'attendre à Paris intra-muros à une hausse des prix supérieure à 10% sur l'ensemble de l'année 2010, soit bien au-delà de l'inflation.
Conséquence de cette hausse des prix: "moins d'un ménage francilien sur trois est éligible à l'achat d'un logement correspondant à leurs besoins", selon une étude de l'Université Paris-Dauphine et du Crédit Foncier publiée mardi.
"Nous sommes très inquiets de cette hausse brutale des prix car on risque un blocage des volumes de vente du fait qu'on est à la limite haute de ce que les acheteurs peuvent payer", s'inquiète M. Vimont.
Déjà dans certaines régions - comme la Basse et la Haute-Normandie, la Franche-Comté et les Pays-de-Loire - "le volume des ventes se grippe et les prix baissent", fait remarquer le président de Century 21.
Les prix des logements anciens en France augmentent beaucoup plus vite que les prix à la consommation, des loyers et du revenu disponible par ménage, ayant été multipliés par deux entre 2000 et le début de 2007, selon une étude de l'Insee.