Le franc suisse qui joue un rôle de monnaie refuge sur le marché des changes depuis des décennies s'apprécie logiquement depuis 2008 à un rythme cependant contenu par les interventions de la Banque Nationale Suisse (BNS) ces derniers mois.
Le 6 mai dernier, peu avant le déclenchement du krach éclair à Wall Street, les rumeurs de l'arrêt de l'intervention de la BNS pour contrer l'appréciation « excessive » du franc contre l'euro ont précipité la devise européenne sur 1,40 avant une ultime intervention supposée pour contraindre la hausse de la devise helvétique.
Les derniers développements ont été fatals pour l'euro. L'incapacité des acheteurs à poursuivre le mouvement au-dessus de 1,45 a anéanti l'une des dernières possibilités de rebond hors du biseau descendant, envoyant la parité sur de nouveaux plus bas historiques.
La réunion trimestrielle de la BNS jeudi dernier a encore enfoncé le clou :
– avec le relèvement de ses prévisions de croissance à 2 % pour 2010 contre 1,50 % seulement anticipé lors de la réunion de mars, la Suisse s'éloigne un peu du risque de déflation, redouté jusqu'ici. La crainte de voir les exportations pâtir de la baisse de l'euro est également amoindrie en raison de la bonne tenue de l'activité mondiale hors zone euro.
- De 95 milliards de francs suisses fin décembre 2009, les réserves de change sont passées à 230 milliards, un montant qui devient important au regard du PIB du pays.
En conséquence, les autorités monétaires suisses, sans exclure d'autres interventions sur le marché des changes sont moins enclines à lutter contre l'appréciation « excessive » de leur monnaie, et subordonnent implicitement de tels actes à la réapparition de risques de déflation.
De fait, ceci correspond à l'annonce d'interventions sans doute moins fréquentes à l'avenir, qui a fait chuter l'euro-franc suisse sur 1,3726 en fin de semaine dernière. De fait également, l'évolution de la parité évolue nettement moins de concert avec les autres devises. Cette nouvelle et cette baisse n'ont pas ainsi empêché le rebond de l'euro contre le dollar, le yen ou encore la livre sterling.