Le gouvernement table sur environ un milliard d'euros de recettes nouvelles pour financer les retraites grâce au basculement des cotisations d'assurance chômage sur les cotisations retraite à partir de 2015, selon le document publié mercredi par le ministère du Travail.
Le gouvernement réaffirme l'objectif, fixé en 2003, d'un basculement "dès que possible" des cotisations entre la branche vieillesse et le régime d'assurance chômage.
Notant que selon l'un des scénarios du Conseil d'orientation des retraites (COR), le taux de chômage serait ramené à 7,7% en 2015 et 5,7% en 2020, le ministère juge que cela "rend possible une mobilisation des excédents de l'Unedic", le régime d'assurance chômage géré par les syndicats et le patronat.
"Selon une estimation prudente, ce basculement débuterait progressivement à partir de 2015 et représenterait 1,4 milliard d'euros en 2020", ajoute le document gouvernemental.
Mais, le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a rétorqué mercredi sur le site internet du Figaro qu'"il n'est pas question de transférer des cotisations d'assurance-chômage vers l'assurance-vieillesse".
"On ne peut pas prévoir un financement du système en se basant sur une hypothèse de retour à l'équilibre des comptes de l'Unedic en 2015. Rien ne dit que ce sera le cas, d'autant que la réforme va faire augmenter le nombre de demandeurs d'emploi de plus de 60 ans", a-t-il souligné.
Le numéro deux de la CFDT, Marcel Grignard, a déclaré devant la presse : "quand on a avancé très sérieusement sur l'emploi, considérer qu'il y a de marge pour aider au financement des retraites va de soi, mais il faut sortir d'une situation de chômage de masse".
De son côté, le Medef a qualifié le redéploiement envisagé des cotisations chômage vers l'assurance vieillesse de "pari incertain compte tenu des aléas de la conjoncture économique".
Avec la crise, qui a diminué les rentrées de cotisations dans ses caisses et augmenté les dépenses d'indemnisation du chômage, l'Unedic devrait accuser un déficit cumulé accru dépassant 10 milliards d'euros fin 2010 et approchant 14 milliards fin 2011, selon ses dernières prévisions.
Le régime d'assurance chômage table sur une décrue du chômage à partir de 2011.
Le budget de la Sécurité sociale pour 2009 prévoyait une hausse des cotisations retraite de 0,3 point, que le gouvernement souhaitait voir compensée par une baisse de même ampleur des cotisations chômage.
Mais le gouvernement, désireux de ne pas augmenter les prélèvements obligatoires, avait renoncé à augmenter les cotisations retraites après que les partenaires sociaux eurent repoussé dans l'immédiat une hausse des cotisations chômage compte tenu de la crise.
A l'automne 2008, le ministre du Budget à l'époque, Eric Woerth, estimait encore que syndicats et patronat avaient "des marges de manoeuvre pour baisser les cotisations chômage, même avec l'évolution du contexte économique" et invoqué un principe de "solidarité" au bénéfice de l'assurance vieillesse.