Le groupe de BTP espagnol Sacyr Vallehermoso et son PDG Luis del Rivero se sont vus infliger des amendes par l'Autorité des marchés financiers pour avoir omis de déclarer le franchissement de seuil du tiers du capital du groupe français Eiffage, selon un avis publié mardi par l'AMF.
La commission des sanctions de l'AMF a décidé "de prononcer une sanction pécuniaire de 300.000 euros à l'encontre de la société Sacyr Vallermoso" et "de 100.000 euros à l'encontre de son président Luis Fernando del Rivero Asensio", selon cet avis.
Cette décision "peut faire l'objet d'un recours", précise l'AMF.
L'AMF a basé sa sanction sur le fait "qu'ayant agi de concert et étant venues à détenir, de cette manière, plus du tiers du capital d'Eiffage, le 18 juillet 2006, Sacyr et les sociétés Efapa, Acciones Reunidas et Arcomundo auraient dû (...) déclarer ce franchissement de seuil à Eiffage et à l'AMF dans un délai de cinq jours de négociations".
Le groupe de BTP français avait accusé Sacyr Vallehermoso d'avoir voulu prendre le contrôle d'Eiffage en agissant de concert avec d'autres actionnaires mais sans avoir déclaré cette opération, ce qui est obligatoire en droit boursier français.
Le feuilleton Eiffage/Sacyr a débuté en 2006 quand le groupe espagnol est devenu premier actionnaire d'Eiffage, le constructeur de l'emblématique viaduc de Millau en France, et a tenté à plusieurs reprises, en vain, d'entrer au conseil d'administration.
La bataille aura mobilisé l'AMF, plusieurs instances judiciaires et les gouvernements français et espagnol.
L'assemblée générale des actionnaires d'Eiffage, le 18 avril 2007, a mis le feu aux poudres quand Jean-François Roverato, le PDG d'Eiffage, a refusé d'accueillir des représentants de Sacyr dans son conseil d'administration, l'accusant d'action de concerts avec quelque 90 autres actionnaires minoritaires, la plupart espagnols.
Après de multiples actions en justice, devant trois juridictions --tribunal de commerce, tribunal de grande instance et cour d'appel-- Sacyr a finalement jeté l'éponge en avril 2008 en vendant sa participation de 33,32% au capital d'Eiffage pour un montant de 1,92 milliard d'euros à des investisseurs institutionnels français.