Pour la première fois depuis l'été 2008, la monnaie unique européenne a repassé mercredi le seuil symbolique de 1,50 dollar, poussée toujours plus haut par les signes de reprise malgré des inquiétudes grandissantes sur les conséquences de cette envolée.
Mercredi vers 13H50 GMT, l'euro s'est enfin décidé à passer le seuil proche duquel il évoluait depuis plusieurs jours. Il s'est ensuite élevé jusqu'à 1,5046 dollar, un niveau plus atteint depuis 14 mois (11 août).
Vers 21H00 GMT (23H00 à Paris), il valait 1,5016 dollar contre 1,4937 dollar mardi soir.
L'euro avançait face au yen à 136,60 yens contre 135,53 yens la veille.
Face à la devise nippone, le dollar montait à 90,96 yens contre 90,72 yens mardi.
Depuis le mois de mars, l'euro a repris près de 20% face à la monnaie américaine. Cette dernière, qui avait servi de valeur refuge pendant la tempête financière de l'an dernier, perd de son attrait tandis que se multiplient les signes de reprise.
Alors que le taux directeur de la banque américaine est quasiment à zéro, et qu'il devrait y rester longtemps, les investisseurs, rassurés, préfèrent se tourner vers les monnaies plus rémunératrices, comme l'euro.
Alimentant l'optimisme mercredi, de nombreux résultats trimestriels d'entreprises américaines ont affiché des chiffres meilleurs qu'attendu.
De plus, la Chine a assuré de la solidité de sa reprise économique, alors que la première estimation de la croissance chinoise pour le troisième trimestre doit être dévoilée jeudi.
La banque centrale américaine a pour sa part confirmé, dans un rapport de conjoncture, le Livre Beige, que l'activité économique aux Etats-Unis s'améliore mais de manière "faible" et "éparse" suivant les secteurs et les régions.
"La chute du dollar touche peut-être à sa fin, mais on observe clairement des inquiétudes que cela pourrait se transformer en effondrement", s'est inquiété David Gilmore, analyste de Foreign Exchange Analytics.
"Il y a toujours une justification pour ce type de mouvement, que ce soit la négligence des autorités américaines, les taux d'intérêt bas, le niveau élevé des dépenses publiques et des déficits", a-t-il expliqué. "Mais ce qui se passe au fond, c'est que les gens sont nerveux de voir la situation se transformer en chute du dollar" et spéculent donc en ce sens.
Les Américains sont soupçonnés de laisser glisser le dollar, pour soutenir leurs propres exportations, et les appels se multiplient en zone euro en faveur d'un réel soutien au "dollar fort".
"Les perdants dans cette histoire sont clairement les exportateurs européens dont les produits sont vendus aux Etats-Unis ou dans les pays où la monnaie est liée au dollar, dans la mesure où ces produits seront moins compétitifs", a expliqué Howard Archer, de l'institut Global Insight.
La prochaine étape pour certains analystes, comme David Morrison, de GFT Global Markets, est 1,60 dollar, soit à peu près son record historique atteint en juillet 2008 (1,6038 dollar). "Il faudra attendre un peu mais la +douce insouciance+ des décideurs américains devrait laisser le dollar sous pression", a-t-il estimé.
A 21H00 GMT, la livre progressait nettement face à l'euro à 90,40 pence pour un euro, ainsi que face au billet vert à 1,6605 dollar.
La monnaie helvétique montait face à l'euro à 1,5104 franc suisse pour un euro, comme face au billet vert à 1,0058 franc suisse pour un dollar.
La monnaie chinoise a terminé à 6,8274 yuans pour un dollar contre 6,8266 yuans mardi.
Cours de mercredi Cours de mardi
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21H00 GMT 21H00 GMT
EUR/USD 1,5016 1,4937 EUR/JPY 136,60 135,53 EUR/CHF 1,5104 1,5118 EUR/GBP 0,9040 0,9121 USD/JPY 90,96 90,72 USD/CHF 1,0058 1,0118 GBP/USD 1,6605 1,6371