L'année 2009 s'annonce difficile pour le bâtiment malgré le plan de relance, préviennent les professionnels au vu des sombres perspectives du secteur du logement, aussi bien dans l'ancien que dans le neuf.
"Le recul de l'activité, pour un chiffre d'affaires de 129 milliards d'euros en 2008, devrait encore être de 4% en volume" contre 6% prévu avant le plan de relance économique dont "les premiers effets ne se feront sentir qu'à partir de septembre", a estimé mardi Didier Ridoret, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB).
Le secteur de la construction devrait en effet subir de plein fouet le contrecoup de la crise dans l'immobilier, qui le prive de travaux d'entretien dans l'ancien et de nouveaux chantiers dans le neuf.
Selon les chiffres dévoilés mardi par la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), le nombre de transactions pour les logements anciens a chuté d'au moins 15%, passant de 700.000 en 2007 à moins de 600.000 en 2008.
Faute d'acheteurs en nombre suffisants, les vendeurs sont obligés de revoir leurs prétentions à la baisse.
Les prix des logements anciens devraient ainsi à nouveau reculer de 10% en 2009, après une baisse de 3,1% en 2008, la première depuis 1996.
Pour le président de la Fnaim, René Pallincourt, cette baisse des prix met fin à un "cycle exceptionnel" de hausses ininterrompues: 14% en 2003, 15,5% (un record) en 2004, 10,9% en 2005, 7,2% en 2006 et 3,6% en 2007.
Le recul du prix des maisons en 2008 (-4,9%), plus prononcé que celui des appartements (-1,2%), illustre aussi une "reconcentration" de la demande vers les agglomérations, conséquence du renchérissement du coût des transports, selon la fédération qui regroupe la moitié des 200.000 emplois des agences immobilières.
A cause de la crise, qui rend les banques plus frileuses et les ménages plus prudents, les prêts immobiliers aux ménages ont aussi fortement chuté (130 milliards d'euros en 2008 contre 150 en 2007).
La Fnaim déplore que la baisse effective du taux des crédits immobiliers, désormais de l'ordre de 5% pour une période de 15 ans, ne soit pas plus forte, notant que plusieurs établissements bancaires ont "averti qu'ils seraient attentifs à la sauvegarde de leurs marges".
Selon le "scénario" le plus probable de la Fnaim, la baisse des prix devrait se poursuivre en 2010 (-5%) et 2011 (-3%) avant de se stabiliser en 2012.
Les loyers en revanche ont progressé de 2,6% en 2008, beaucoup de ménages ayant reporté leurs projets d'accession à la propriété au profit de la location.
Le secteur du neuf risque de souffrir encore plus durement. Les mises en chantier devraient atteindre 330.000 à 335.000 en 2009 contre 370.000 à 375.000 en 2008 et 435.000 en 2007, selon Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris X-Nanterre.
Or, pour répondre à la demande de logements non satisfaite, il faudrait construire 500.000 nouveaux logements par an, objectif que s'était fixé le gouvernement.
Le projet de loi sur le logement de Christine Boutin, débattu à partir du 27 janvier à l'Assemblée, et le plan de relance de Nicolas Sarkozy prévoient la construction ou l'acquisition par les bailleurs sociaux de 100.000 logements sociaux et intermédiaires supplémentaires en 2009 et 2010, ainsi que le doublement du prêt à taux zéro (PTZ) pour l'achat d'un logement neuf.
Un coup de pouce qui ne suffit pas à rassurer les professionnels, qui disaient craindre en novembre 25.000 à 30.000 suppressions d'emplois en 2009 dans le bâtiment sur un total de 1,2 million.