La banque suisse UBS a conclu vendredi un accord avec les autorités américaines pour racheter à ses clients quelque 19 milliards de dollars d'obligations dites "ARS", soldant à son tour des poursuites nuisibles à son image.
Les obligations ARS - "auction-rate securities" - sont des produits financiers qui avaient été vendus à des investisseurs comme des titres dont il était aisé de se défaire. Mais ces placements ont été bloqués par la crise financière et plusieurs dizaines de milliers d'investisseurs ne parviennent plus aujourd'hui à revendre ces obligations, un marché évalué à plus de 300 milliards de dollars par les analystes.
Les autorités reprochaient aux banques d'avoir trompé les investisseurs sur la nature des ARS.
L'accord prévoit le rachat par UBS de 8,3 milliards de dollars de titres ARS aux clients individuels et 10,3 milliards aux clients institutionnels.
Il s'accompagne de 150 millions de dollars de dédommagements, dont 75 millions pour la Justice de l'Etat de New York, et le reste pour les autorités impliquées - régulateur boursier SEC, Justice de l'Etat du Massachusetts notamment -, ont annoncé vendredi les principales parties intéressées.
UBS n'a ni reconnu ni nié les faits reprochés. L'opération va se solder par une charge de 900 millions de dollars dans ses comptes du deuxième trimestre, qui doivent être publiés le 12 août.
A ce titre, ces résultats "seront conformes aux objectifs financiers livrés le 4 juillet", a indiqué la banque suisse.
"Les solutions que nous annonçons ce jour sont les plus vastes du secteur", a commenté UBS, qui propose à ses clients de racheter leurs titres ARS sur une période de deux ans.
"Cet accord fait suite à un règlement similaire conclu la veille avec Citigroup", s'est félicité le ministre de la Justice de New York Andrew Cuomo, selon qui "environ 80.000 particuliers vont être soulagés d'environ 20 milliards de dollars en titres qu'ils ne pouvaient vendre depuis l'effondrement du marché des ARS en février".
"L'industrie commence à prendre ses responsabilités pour corriger des erreurs qu'elle a engendrées", a ajouté M. Cuomo.
L'accord avec UBS est une victoire pour M. Cuomo qui boucle, deux semaines après avoir lancé une série de recours, des accords avec trois grandes banques.
Jeudi, les autorités américaines ont obtenu de Citigroup qu'il reprenne à leur valeur d'achat et dans les trois mois, 7,5 milliards de dollars de titres ARS.
Jeudi soir, Merrill Lynch annonçait proposer à ses clients le rachat des obligations ARS, valorisées actuellement à 12 milliards de dollars environ.
Le prix payé par UBS est plus élevé que chez Citigroup et Merrill Lynch, mais il reste en deçà des 25 milliards qu'avait initialement réclamés M. Cuomo, qui accusait UBS d'avoir trompé des milliers d'investisseurs américains.
Aucun autre établissement financier n'a été officiellement cité dans le cadre de ces poursuites. Jeudi, M. Cuomo avait seulement indiqué que des négociations étaient en cours avec d'autres banques.
Selon la presse, Goldman Sachs et Lehman Brothers figurent également parmi les grands acteurs du marché des ARS.
Plusieurs autorités se sont penchées récemment sur l'activité d'autres banques américaines sur le marché des ARS: Wachovia, dans l'Etat du Missouri, et Morgan Stanley, qui a conclu jeudi un accord avec la justice du Massachusetts pour rembourser 1,5 million de dollars à deux municipalités.