L'euro poursuivait sa dégringolade jeudi, chutant à son plus bas niveau depuis huit mois face au dollar et depuis dix ans face au yen, dans un marché inquiet du pessimisme affiché par la Réserve fédérale américaine (Fed) et toujours hanté par la crise des dettes.
Vers 13H00 GMT (15H00 à Paris), l'euro valait 1,3395 dollar contre 1,3564 dollar mercredi à 21H00 GMT. Il est descendu à 1,3385 dollar quelques minutes plus tôt, son plus bas niveau depuis le 19 janvier.
L'euro creusait également ses pertes face à la devise nippone, à 102,43 yens contre 103,74 yens mercredi. Il est tombé brièvement à 102,23 yens vers 11H30 GMT, un niveau plus vu depuis juin 2001.
Le dollar se stabilisait face à la monnaie japonaise, à 76,38 yens contre 76,48 yens mercredi.
A l'instar de places boursières en pleine débâcle, la monnaie unique européenne pâtissait du vif regain d'inquiétude des investisseurs, lequel profitait en revanche au dollar et au yen, des devises jugées plus sûres.
"La Fed, au lieu de rassurer les marchés, a plutôt encouragé la morosité des opérateurs et renforcé leur aversion pour les actifs jugés risqués", dont l'euro, expliquait Jane Foley, analyste de Rabobank.
La banque centrale américaine (Fed) a certes annoncé mercredi son intention de vendre d'ici à la fin juin 2012 pour 400 milliards de dollars de bons du Trésor avant d'en racheter un montant équivalent avec une maturité plus longue, avec pour objectif d'abaisser les taux d'intérêt à long terme.
Mais "cette annonce a été accueillie avec un grand scepticisme. Les taux d'intérêt à long terme sont de toute manière à des niveaux déjà extrêmement bas, et il est difficile de croire qu'une nouvelle baisse à la marge fera une grosse différence" pour l'économie, soulignait Mme Foley.
Selon elle, les mesures prises par la Fed "étaient largement attendues, ce qui ne l'était pas, c'est son avertissement très sérieux sur +les risques importants+ pour la reprise économique" alors que "l'aggravation calamiteuse de la crise des dettes souveraines en zone euro continue d'affoler les marchés".
Le gouvernement grec s'est résigné mercredi à adopter des mesures d'austérité supplémentaires pour 2011 et 2012, sous pression de ses créanciers, dans une nouvelle tentative d'écarter une faillite, mais Athènes fait face à une vive montée de la contestation sociale dans le pays.
"Les derniers développements de la crise grecque atteignent une gravité inédite, et viennent menacer le secteur bancaire européen", estimait Kathleen Brooks, analyste de la société financière Forex.com.
"Les investisseurs perdent confiance dans la capacité des banques à faire face à la pression sur les marchés obligataires" et à la possibilité d'un défaut de paiement de la Grèce, et "une fois que la confiance envers les banques est entamée, il y a un effet boule de neige affectant tous les actifs risqués", poursuivait-elle.
La dégradation mercredi par l'agence Moody's de la note long terme de deux grandes banques américaines (Bank of America et Wells Fargo) renforçait encore la nervosité des cambistes, tout comme l'annonce d'une contraction de l'activité du secteur privé dans la zone euro en septembre.
Vers 13H00 GMT, le franc suisse reculait fortement face à l'euro à 1,2282 franc suisse pour un euro comme face au billet vert à 0,9160 franc suisse pour un dollar.
La livre britannique se stabilisait face à l'euro, à 87,41 pence pour un euro, mais accélérait sa baisse face au billet vert à 1,5337 dollar. La livre est tombée jeudi à 1,5328 dollar, son plus bas niveau depuis septembre 2010.
L'or a terminé à 1.765 dollars l'once au fixing du matin, contre 1.793 dollars mercredi soir.
Cours de jeudi Cours de mercredi
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13H00 GMT 21H00 GMT
EUR/USD 1,3395 1,3564 EUR/JPY 102,43 103,74 EUR/CHF 1,2282 1,2213 EUR/GBP 0,8741 0,8749 USD/JPY 76,38 76,48 USD/CHF 0,9160 0,9000 GBP/USD 1,5337 1,5498