Le ministre des Finances et le gouverneur de la banque centrale du Japon ont de nouveau fait part mercredi de leur préoccupation au sujet de la flambée de la monnaie japonaise, un mouvement qui risque de largement porter préjudice à l'économie nippone.
"La montée du yen ne reflète pas les fondamentaux économiques", s'est agacé le gardien des deniers publics, Yoshihiko Noda, ajoutant que le gouvernement devait "tout faire pour empêcher" l'escalade.
Refusant de commenter l'éventualité d'une intervention directe de l'Etat sur le marché des changes, pour faire baisser la devise nippone via la vente massive de yens, M. Noda a prévenu que le gouvernement était aux aguets.
"Il est nécessaire de surveiller", a renchéri le Premier ministre, Naoto Kan, appelant à "une collaboration étroite du gouvernement avec la banque centrale".
De son côté, le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Masaaki Shirakawa, a indiqué "prêter une attention particulière aux effets négatifs du renchérissement du yen sur l'économie nippone", blâmant la faiblesse du dollar du fait des incertitudes sur la santé des Etats-Unis.
"Une stabilité des économies mondiales est indispensable pour régler le problème du yen cher", a encore ajouté le patron de l'institut d'émission.
Le gouverneur de la BoJ a promis de mener une politique monétaire qui tienne compte de l'impact de la force handicapante du yen, laissant augurer de nouvelles mesures spécifiques d'assouplissement, comme le suggèrent des spécialistes.
Le comité de politique monétaire de la BoJ doit se réunir jeudi et vendredi.
Le dollar a nettement reculé ces dernières semaines face au yen, se rapprochant de son plus bas historique d'après-guerre (76,25 yens, le 17 mars dernier), à cause des risques liés à la dette des Etats-Unis et de craintes étendues pour l'économie américaine.
Un yen trop vigoureux bride les marges des entreprises nippones sur les marchés extérieurs, sabote leur compétitivité, les conduit à délocaliser et à se fournir auprès de firmes étrangères, au détriment de l'industrie, des emplois et de l'économie nippone dans son ensemble.
Le Japon était intervenu unilatéralement le 15 septembre 2010 pour réduire la force du yen, sans grand succès, puis de nouveau le 18 mars, conjointement avec les autres pays du G7, une semaine après le séisme dans le nord-est de l'archipel.