L'utilisation du yuan pour les échanges transfrontaliers de la Chine va s'accélérer et la monnaie chinoise devenir d'ici trois ans la troisième devise pour les échanges commerciaux à travers le monde, a prédit jeudi le principal économiste pour la Chine de la banque HSBC.
Afin de réduire son exposition aux fluctuations du dollar dont il détient déjà de colossales réserves, le gouvernement chinois encourage l'utilisation du yuan pour ses échanges commerciaux et a signé une série d'accords en sens, principalement avec ses voisins et des pays d'Asie du Sud-Est.
"Nous prédisons que dans trois ans, les règlements du commerce transfrontalier en yuans représenteront un tiers du total des exportations et des importations chinoises, pour un total compris entre 1.500 et 2.000 milliards de dollars par an", a déclaré cet économiste, Qu Hongbin, à un petit groupe de journalistes.
"En volume, cela fera du yuan la troisième devise pour le commerce mondial", selon M. Qu qui voit dans cette évolution "un tournant majeur non seulement pour la Chine mais aussi pour le marché régional (asiatique) et international".
En 2010, 5,7% du commerce extérieur de la Chine, soit 506,3 milliards de yuans (54,5 milliards d'euros), ont été réglés en yuans, selon des chiffres de la banque centrale cités en juin par l'agence Dow Jones.
La montée en puissance du yuan dans le commerce international est un bouleversement plus important que l'appréciation graduelle du yuan par rapport au dollar, qui devrait se poursuivre à un rythme assez lent de 3% à 5% par an, a encore indiqué l'économiste de HSBC.
Contrairement à une idée répandue, la hausse du yuan, qui s'est apprécié de plus de 5% depuis juin 2010 par rapport au dollar, ne permettrait pas à Pékin de réduire l'inflation en payant moins pour ses importations, car une telle mesure provoquerait une hausse de la demande chinoise de matières premières qui entraînerait à son tour une hausse de leur cours, estime M. Qu.
Au bout du compte, le bénéfice de la revalorisation de la monnaie s'en trouverait annulé, d'après lui.
"Cela fonctionne pour des pays plus petits mais pas pour des pays comme la Chine", a-t-il affirmé.
De plus, le gouvernement chinois n'a pas besoin d'une telle mesure pour lutter contre l'inflation, car celle-ci devrait commencer à se tasser au deuxième semestre, après voir culminé en juin ou juillet, estime-t-il encore.
"En juin, l'indice des prix à la consommation va atteindre 6%, peut-être qu'en juillet il atteindra également un niveau très élevé, mais ensuite nous allons assister à une modération progressive de l'inflation" en Chine, selon M. Qu.