Les réserves de change en Chine ont atteint fin 2010 le montant record de 2.847 milliards de dollars, tandis que l'objectif de volume des prêts accordés par les banques en 2010 a été dépassé l'an dernier, gonflant les liquidités qui alimentent l'inflation.
La banque centrale a annoncé mardi que le volume des nouveaux prêts s'est élevé l'an dernier à 7.950 milliards de yuans (926,7 milliards d'euros), dépassant l'objectif de 7.500 milliards de yuans que Pékin s'était fixé pour l'ensemble de l'année. En 2009, les prêts avaient presque doublé à 9.600 milliards de yuans.
Tout comme les prêts, les réserves de change, qui ont augmenté de 18,7% sur un an, gonflent la masse monétaire car la banque centrale émet des yuans en échange.
L'agrégat M2, qui regroupe la monnaie en circulation et les dépôts à vue (M1) plus les dépôts à court terme et les comptes d'épargne, a augmenté de 19,7% sur un an à 72.580 milliards de yuans (8.469 milliards d'euros) à la fin 2010, toujours selon la banque centrale.
La croissance rapide de la masse monétaire alimente l'inflation, qui a atteint 5,1% sur un an en novembre, son niveau le plus haut depuis la crise financière de 2008, et touche surtout les prix alimentaires, donc les Chinois les plus pauvres.
Les réserves de la Chine sont les plus élevées du monde. Pékin n'en dévoile pas la composition, mais les analystes s'accordent à dire qu'elles sont encore majoritairement détenues en dollars.
La cagnotte chinoise de devises a rapidement augmenté ces dernières années avec l'afflux des investissements étrangers en Chine, les forts excédents commerciaux --plus de 183 milliards de dollars en 2010-- et, en partie, l'entrée d'argent spéculatif.
Fin octobre, plus de 900 milliards de dollars étaient investis en bons du Trésor américain, faisant de la Chine le premier créancier des Etats-Unis devant le Japon.
Afin de combattre l'inflation et la spéculation immobilière, susceptibles de créer de l'instabilité sociale, la banque centrale chinoise a relevé fin 2010 ses taux de référence, deux fois en moins de trois mois.
Elle a également relevé six fois en 2010 le taux de réserves obligatoires des banques, c'est-à-dire la quantité d'argent que les banques commerciales sont obligées de déposer auprès d'elle.
Cette mesure a pour effet de limiter la quantité d'argent que les banques peuvent prêter.
Le gouvernement chinois s'inquiète toujours de la formation d'une bulle spéculative dans le secteur immobilier, qui pourrait gonfler le volume des créances douteuses si les prix des logements, en rapide augmentation ces dernières années, venaient à s'effondrer.
Les banques chinoises sont déjà fragilisées par la politique de relance mise en place pour répondre à la crise financière, qui a conduit les municipalités à créer des structures ad hoc pour lever des fonds finançant des projets d'infrastructures.
Selon une enquête réalisée l'an dernier par le ministère de la Terre et des ressources naturelles, des "risques assez importants" seraient associés aux prêts consentis à ces structures ad hoc, a rapporté lundi l'agence Chine nouvelle.
D'après des informations de presse de l'été dernier, 23% des 7.660 milliards de yuans (894 milliards d'euros) ainsi prêtés seraient considérés comme des créances difficilement remboursables.