La chancelière Angela Merkel estime que l'euro est, comme la réunification allemande, la bonne voie malgré les écueils et il ne faut pas en dévier, alors que le Premier ministre polonais, dont le pays présidera l'UE l'an prochain, s'est engagé à défendre la monnaie unique.
"Voyez-vous, c'est un peu comme pour l'unification allemande. Nous n'avons jamais douté de cette décision historique en faveur de l'unité, malgré tous les problèmes et toutes les coupes douleureuses", a dit Mme Merkel au quotidien Bild, avant l'ouverture d'un sommet européen crucial à Bruxelles.
"Il en va de même aujourd'hui: nous nous sommes décidés en faveur de l'Europe et de l'euro. C'était la bonne décision et ça le reste", a-t-elle estimé.
Mme Merkel a récusé l'idée qu'en Europe l'Allemagne dicte ses exigences -- "l'Allemagne ne dicte rien à personne" -- et indiqué avoir "depuis longtemps évacué" ses bisbilles avec le président de l'Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui avait reproché à Berlin une attitude "anti-européenne" sur la question des euro-obligations.
Dans un entretien au quotidien Handelsblatt, M. Juncker se montre lui aussi conciliant. "Je n'ai jamais prétendu que Mme Merkel manquait d'engagement européen, c'est le contraire qui est vrai", déclare-t-il.
Mais il n'en reste pas moins qu'il y a "une nouvelle hésitation, compréhensible, de l'Allemagne quand il s'agit de solutions européennes à des problèmes dont on pense que l'on ne peut pas les expliquer immédiatement aux citoyens", ajoute-t-il. Toutefois, "ce n'est pas seulement un problème allemand, il y a cela dans tous les pays de l'UE".
Alors qu'il s'affiche toujours convaincu qu'"un jour ou l'autre nous aurons des euro-obligations", titres de dette communs à tous les pays de la zone euro, la chancelière a répété son opposition à cette idée, qui ne devrait pas faire l'objet de débats de fond au sommet de jeudi et vendredi.
En prévision de cette réunion, Mme Merkel a appelé les chefs d'Etat et de gouvernement européens à afficher leur "détermination" pour rétablir la confiance en l'euro.
"Cela aiderait si les 27 pays s'engageaient avec détermination. (...) Pour aucun de nous l'euro n'est en cause. Les spéculateurs n'ont aucune chance", a dit Mme Merkel, en estimant qu'il n'y avait "en tout cas aucune alternative raisonnable" à la monnaie unique.
Le Premier ministre polonais Donald Tusk, dont le pays assumera la présidence tournante de l'UE au deuxième semestre 2011, a lui aussi résolument défendu l'euro, dans une interview parue dans Die Welt.
"Nous voulons que l'enthousiasme en faveur de l'Europe soit renforcé (...) Cela inclut aussi le soutien envers la monnaie unique. Ce n'est en aucun cas paradoxal que le chef de gouvernement d'un pays qui n'est pas encore membre de la zone euro vise, en tant que président du Conseil (européen), le renforcement la monnaie unique. Car c'est là l'intérêt de toute l'Union européenne", a dit M. Tusk.