Le comité de politique monétaire de la Banque centrale de Japon (BoJ) tiendra jeudi une réunion au terme de laquelle il devrait publier des prévisions économiques plus pessimistes pour l'année budgétaire en cours et la suivante, selon les analystes.
La BoJ, qui a abaissé au début du mois son taux d'intérêt directeur au jour le jour à un niveau quasi nul, avait dans le même temps reconnu que la conjoncture actuelle, conjuguée à la hausse du yen, freinait la croissance au Japon et que la déflation intérieure lancinante pourrait durer plus que prévu.
"Même si l'économie japonaise montre des signes de reprise modérée, le rythme a tendance à décélérer, en partie à cause d'un ralentissement de l'activité à l'étranger et du fait de l'impact de la cherté du yen sur le moral des entrepreneurs", a-t-elle souligné début octobre.
"Dans ces circonstances, il est devenu plus probable que sera retardé le retour de l'économie japonaise sur une trajectoire de croissance durable sur fond de stabilité des prix", a-t-elle prévenu.
Comparé au diagnostic établi par la BoJ en juillet, "le taux de croissance va probablement être un peu plus bas qu'attendu", a-t-elle averti.
En juillet, la BoJ prévoyait une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 2,6% pour l'année d'avril 2010 à mars 2011 et de 1,9% pour la suivante.
Selon les économistes, elle envisage d'abaisser ces chiffres.
Elle devrait aussi estimer que le retour à une évolution positive des prix au détail n'aura pas lieu avant l'année d'avril 2012 à mars 2013.
Le cas échéant, cela signifierait qu'elle maintiendra un taux zéro jusqu'à 2012 au moins, puisqu'elle a déjà précisé qu'elle ne le relèvera que lorsqu'elle estimera revenue la stabilité des prix, soit selon elle une inflation contenue dans la fourchette de 0 à 2%.
Le Japon, heurté par les incertitudes internationales, est en proie à deux phénomènes qui se conjuguent pour freiner l'activité économique: la hausse du yen, d'une part, qui handicape les entreprises nippones, les incitant à délocaliser, et la baisse des prix de détail, d'autre part, qui entraîne une quête de moindres coûts nuisible à l'investissement et à la progression des salaires.
Le cours du yen s'est rapproché récemment de son niveau le plus élevé face au dollar depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale (79,75 yens le 19 avril 1995).
Selon des spécialistes et médias japonais, la BoJ pourrait aussi décider d'étendre ses mesures monétaires dans le cadre d'une politique d'assouplissement qualifié de "global" par le gouverneur, Masaaki Shirakawa.
L'institut d'émission a déjà mis en place une large batterie de dispositions, dont des prêts à taux bas fixe, un système d'injection de fonds dans le circuit interbancaire qui permet d'apaiser les marchés, de maintenir les taux faibles et de permettre aux banques de se montrer moins avares de crédits.
Elle a également prévu d'acheter des obligations et autres actifs financiers pour 5.000 milliards de yens (44 milliards d'euros), un montant susceptible d'être augmenté.