L'euro est monté à son plus haut niveau depuis huit mois mardi face à un dollar toujours plombé par la perspective de voir la banque centrale américaine (Fed) faire marcher la planche à billets pour soutenir l'activité.
Vers 21H00 GMT (23H00 à Paris), l'euro valait 1,3834 dollar contre 1,3683 dollar lundi soir.
Face au yen, l'euro gagnait du terrain à 115,11 yens contre 114,08 yens lundi soir, mais le dollar reculait légèrement à 83,21 yens contre 83,38 yens la veille.
L'euro, qui valait moins de 1,30 dollar à la mi-septembre, a touché mardi 1,3859 dollar, son plus haut niveau depuis le 4 février.
"Les mouvements (des devises) suggèrent que la menace de nouvelles mesures d'assouplissement de la Fed reste le facteur dominant sur le marché des changes, ce qui implique que le billet vert reste vulnérable à court terme", a jugé Vassili Serebriakov, de la banque Wells Fargo.
La banque centrale américaine s'est dite prête en septembre à adopter de nouvelles mesures de ce type, qui reviennent à créer de la monnaie pour acheter des titres sur les marchés du crédit. Cela pèse mécaniquement sur la valeur des billets verts en circulation.
Lundi, le président de la Fed Ben Bernanke a rappelé que les précédents rachats d'actifs de l'institution avaient contribué à soutenir la reprise. Un autre responsable de la banque centrale, Charles Evans, a estimé mardi que la Fed devait prendre des mesures de relance monétaire supplémentaires.
Signe de l'opinion négative des marchés quant au dollar, ce dernier se repliait face au yen alors que la Banque du Japon (BoJ), inquiète de l'appréciation de la devise nippone, a baissé de manière inattendue son taux directeur au jour le jour, dans une fourchette de 0,0% à 0,1%.
Le billet vert n'a pas non plus profité de la hausse plus marquée qu'attendu de l'indice ISM d'activité dans les services aux Etats-Unis.
"La bonne nouvelle, c'est qu'on ne voit pas de nouveau signe d'affaiblissement. D'un autre côté, on ne voit aucune preuve durable de renforcement", a commenté Brian Bethune, économiste chez Global Insight.
L'envolée de l'euro n'a pas non plus été enrayée par l'agence de notation Moody's, qui envisage pourtant d'abaisser la note de l'Irlande, pays dont le déficit public abyssal inquiète les marchés.
"En général, Moody's ne s'est pas montrée assez sévère pour les pays européens", a tempéré Win Thin, de Brown Brothers Harriman. "Placer la note de l'Irlande sous examen dans l'optique d'un possible abaissement (comme abaisser la note de l'Espagne la semaine dernière) vient bien tard".
Signe des tensions actuelles sur le marché des changes. Les principaux responsables économiques européens ont invité fermement Pékin à plus de flexibilité du taux de change du yuan, à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre chinois, Wen Jiabao à Bruxelles.
Vers 21H00 GMT, la devise helvétique baissait face à l'euro à 1,3376 franc suisse pour un euro, mais progressait face au billet vert à 0,9664 franc suisse pour un dollar, après avoir atteint un nouveau sommet face au billet vert à 0,9645 franc suisse.
La livre britannique reculait face à l'euro à 87,07 pence pour un euro, mais grimpait nettement face au billet vert à 1,5884 dollar.
La devise chinoise a terminé à 6,6905 yuans pour un dollar contre 6,6912 yuans lundi.