L'intervention des autorités japonaises pour faire baisser la valeur du yen sur les marchés des changes a permis de relever le niveau du dollar au-dessus de 85 yens mais cela ne suffit pas, estiment les entreprises japonaises.
Si le même taux de change est maintenu durant six mois à un an, trois entreprises nippones sur quatre pensent que la situation de leurs activités internationales va s'aggraver, d'après les réponses de 329 sociétés prises en compte dans une étude conduite du 6 au 13 septembre par l'organisme des échanges commerciaux Jetro.
Les firmes japonaises qui commercent avec l'étranger sont piégées par la forte hausse récente de la devise japonaise. Cette élévation ronge leurs revenus tirés de l'étranger une fois rapatriés en yens, sauf à augmenter les prix de vente extérieurs, auquel cas la compétitivité de leurs produits régresse.
Les entreprises qui s'estiment incapables d'éviter une détérioration de leur situation ont en moyenne basé leur stratégie industrielle et commerciale sur les cours plus favorables d'un dollar à 93,4 yens et d'un euro à 121,5 yens.
"Dans les deux cas, le yen est encore de quelque 10% trop élevé", souligne le Jetro, ajoutant que "les petites et moyennes firmes sont encore plus vulnérables que les grosses".
Les sous-traitants nippons sont en effet sommés de baisser leurs tarifs sous la pression de donneurs d'ordres qui eux-mêmes cherchent à diminuer leurs coûts pour compenser les moindres rentrées venues de l'étranger.
Les grosses entreprises menacent en outre de s'approvisionner davantage à l'extérieur et de délocaliser des sites de production dans des pays où les frais sont moins élevés qu'au Japon.
Le billet vert évolue actuellement autour de 85,5 yens, tandis que la monnaie européenne ne dépasse par 112,5 yens. Ils étaient même tombés respectivement à moins de 83 yens et en-dessous de 106 yens la semaine passée, des seuils qui ont poussé le gouvernement japonais à intervenir de façon unilatérale directement sur les marchés des changes mercredi 15 septembre. Les autorités nippones n'avaient pas agi de la sorte depuis mars 2004.
Le gouvernement veut stopper les mouvements spéculatifs et éviter des répercussions en chaîne sur l'économie japonaise, notamment une détérioration du marché de l'emploi et une amplification de la déflation qui freine l'activité intérieure.