L'euro a encore progressé jeudi face au dollar, soutenu par le succès d'une émission de dette en Espagne, sur un marché des changes qui s'interrogeait sur les interventions du Japon et de la Chine pour contrôler leurs devises.
Vers 21H00 GMT (23H00 à Paris), l'euro cotait 1,3078 dollar contre 1,3009 dollar mercredi soir.
L'euro gagnait du terrain face à la monnaie nippone à 112,33 yens contre 111,51 yens mercredi.
Le billet vert montait légèrement face au yen à 85,90 yens, contre 85,72 yens.
Selon Vassili Serebriakov, de la banque Wells Fargo, l'euro a été "en partie encouragé par l'émission obligataire lancée par le gouvernement espagnol, qui lui a permis de lever quatre milliards d'euros".
Madrid a levé la somme maximale souhaitée, à des taux d'intérêt en baisse sensible par rapport aux dernières émissions du même type.
Le recul du dollar s'est atténué cependant avec la publication de deux indicateurs meilleurs que prévu aux Etats-Unis: baisse surprise des inscriptions au chômage la semaine dernière, et accélération de la hausse des prix à la production en août.
Ces chiffres "suggèrent que l'économie américaine n'a pas besoin de mesures d'assouplissement monétaire", qui consistent à faire marcher la planche à billets pour soutenir l'économie et donc pèsent sur le dollar, a expliqué David Gilmore, de Foreign Exchange Analytics.
"Mais je pense que la réalité est que la Fed (la banque centrale américaine) se rapproche" de l'adoption de telles mesures, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, "si le Japon, comme la Chine, manipule sa monnaie pour l'empêcher de s'apprécier, cela met la pression sur l'euro pour absorber les ajustements" du marché, a-t-il ajouté. Autrement dit, si les investisseurs, négatifs vis-à-vis du dollar, ne peuvent plus acheter de yens, ils se reportent sur la devise européenne.
Selon la presse japonaise, les autorités nippones ont investi en tout 2.000 milliards de yens (18 milliards d'euros) en près de 24 heures mercredi pour faire retomber le yen de son plus haut niveau en quinze ans face au dollar.
Pour Alan Ruskin, de la Deutsche Bank, "l'euro ne se renforce pas en raison d'une amélioration des fondamentaux" économiques de la zone euro, "mais parce qu'il est considéré comme une valve de sécurité alors que le Japon et les pays émergents d'Asie accélèrent leurs interventions, encourageant l'opinion négative des investisseurs vis-à-vis du dollar à s'exprimer dans l'euro".
"Même si nous ne voyons pas nécessairement de lien direct entre les deux informations, il est intéressant de noter que l'intervention japonaise intervient au moment où les hommes politiques américains mettent une nouvelle fois la pression sur la Chine pour que le pays laisse sa devise s'apprécier", a relevé de son côté Vassili Serebriakov.
Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a accusé la Chine de "maintenir un taux de change rigide" en intervenant massivement pour affaiblir sa monnaie, et a jugé qu'il était "grand temps" que Pékin change son modèle économique et s'ouvre davantage à l'étranger.
La devise chinoise a pourtant terminé à 6,7250 yuans pour un dollar contre 6,7433 yuans la veille, évoluant au plus haut depuis l'introduction du système actuel de cotation de la monnaie en 1994.
Vers 21H00 GMT, la devise helvétique chutait face à l'euro à 1,3278 franc suisse pour un euro, comme face au billet vert à 1,0154 franc pour un dollar.
La livre britannique reculait face à l'euro à 83,71 pence pour un euro, mais se stabilisait face au billet vert, à 1,5629 dollar.
Cours de jeudi Cours de mercredi
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21H00 GMT 21H00 GMT
EUR/USD 1,3078 1,3009 EUR/JPY 112,33 111,51 EUR/CHF 1,3278 1,3052 EUR/GBP 0,8371 0,8324 USD/JPY 85,90 85,72 USD/CHF 1,0154 1,0035 GBP/USD 1,5629 1,5623