Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, a appelé vendredi les nations européennes et les Etats-Unis à ne pas entraver les efforts des autorités japonaises, si celles-ci décidaient d'intervenir sur le marché des changes pour faire baisser la valeur de la monnaie nippone.
En campagne pour être reconduit dans ses fonctions, M. Kan a également accusé la zone euro de laisser filer sa devise.
"Nous travaillons (en lien avec les Etats-Unis et l'Europe) et leur demandons de ne pas exprimer d'avis négatif si nous décidions d'une quelconque action", a expliqué M. Kan, lors d'un débat.
Le gouvernement japonais, par la voix de son ministre des Finances notamment, a agité à plusieurs reprises cette semaine la menace d'une intervention directe sur le marché des changes, par la vente massive de yens afin d'en faire chuter le cours vis-à-vis du dollar et de l'euro.
Les autorités nippones n'ont pas agi de la sorte depuis mars 2004.
Bien que les interventions sur le marché soient généralement perçues comme efficaces lorsqu'elles sont menées de façon simultanée par plusieurs nations, le gouvernement nippon n'espère pas le soutien direct d'autres pays, mais il implore leur compréhension.
"Nous pouvons dire qu'actuellement la zone euro laisse s'affaiblir sa devise, tandis qu'aux Etats-Unis, le président Barack Obama souligne qu'il veut un doublement des exportations", a poursuivi M. Kan.
"Dans ces circonstances, il est plutôt difficile d'exiger de leur part des efforts coordonnés" à l'égard du yen, a-t-il rappelé.
Le billet vert est descendu jusqu'à 83,33 yens mercredi, un niveau inédit en 15 ans, tandis que l'euro dévissait simultanément face à la devise japonaise, passant sous la barre des 105,80 yens, du jamais vu en neuf ans, ce qui constitue un handicap majeur pour les entreprises nippones exportatrices.
Le Premier ministre Kan, défié par le vétéran Ichiro Ozawa lors de l'élection du 14 septembre pour désigner le président du Parti Démocrate du Japon (centre-gauche), est poussé à hausser le ton, M. Ozawa répétant à l'envi que, s'il est élu, il n'hésitera pas à lancer une intervention.