Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, a annoncé vendredi qu'il allait décider le 31 août de nouvelles mesures économiques concrètes pour contrer les effets néfastes de la flambée du yen sur la santé du pays.
"Compte tenu de la hausse du yen et de la difficile situation économique, nous allons décider le 31 août de nouvelles dispositions et travailler à leur mise en application", a-t-il affirmé lors d'un point de presse.
Le yen tourne actuellement autour de son niveau le plus élevé en 15 ans face au dollar et avoisine un record vieux de neuf ans vis-à-vis de l'euro.
Cet accès de fièvre, sur fond d'inquiétudes économiques internationales, fait peser un risque sur la santé du Japon.
"Je suis pleinement conscient que les mouvements excessifs sur les marchés des changes ont des conséquences négatives sur la stabilité économique et financière", a insisté le chef du gouvernement.
Et d'ajouter: "nous utiliserons des moyens décisifs en temps voulu", une phrase qui sonne comme une menace d'intervention directe sur le marché des changes pour affaiblir la valeur de la devise nationale.
Jugeant que le gouvernement ne peut agir efficacement seul, M. Kan en appelle à la coopération de la de la Banque centrale du Japon (BoJ).
Il prévoit de s'entretenir avec le gouverneur de cette institution, Masaaki Shirakawa, après son retour au Japon la semaine prochaine.
M. Kan "espère" que l'institut d'émission "lancera rapidement des mesures monétaires".
Poussé par le gouvernement, le comité de politique monétaire de la BoJ pourrait se réunir avant l'échéance normale des 6 et 7 septembre, afin de décider d'étendre ses dispositifs actuels visant à favoriser l'activités des entreprises et autres agents économiques.
"C'est un message positif et cela accentue la pression sur la BoJ", a commenté Yutaka Harada de Daiwa Institute of Research, tout en prévenant que l'appréciation de la détermination du gouvernement se lira dans la réaction sur les marchés.
Le pouvoir exécutif et la BoJ ont été vertement critiqués ces derniers jours pour leur manque de réaction forte à la flambée du yen, alors même que le rythme de croissance, tributaire des exportations, a déjà notablement ralenti au deuxième trimestre.
Le Premier ministre a par ailleurs souligné que les dispositions à venir auraient également pour but de mieux protéger le Japon des brutales variations conjoncturelles à l'étranger.
Or, la poussée du yen affaiblit justement les entreprises exportatrices japonaises, rongeant leur compétitivité, rendant caduques leurs stratégies commerciales comme leurs prévisions financières et plombant leur valeur à la Bourse.
Le tout fait craindre des risques de délocalisation très dommageables pour le tissu industriel et le marché du travail au Japon.
"Nous allons également mettre en application des modalités aux effets immédiats qui aient un fort potentiel de création d'emplois", a aussi promis M. Kan.
Son gouvernement doit en outre trouver des moyens d'action coordonnés avec la BoJ pour venir à bout du pénalisant déclin continu des prix. Cela est d'autant plus impérieux, selon les experts, que la hausse du yen entraîne une baisse concomitante des tarifs des denrées importées, décrue qui entretient une lancinante déflation.