La monnaie helvétique a franchi mardi un nouveau seuil historique en passant en dessous des 1,36 franc suisse pour un euro, après l'annonce que la banque centrale renonçait dans l'immédiat à de nouveaux achats d'euros pour éviter un renforcement de sa devise.
A 15H15 (13H15 GMT), le franc suisse s'échangeait à 1,3591 CHF pour un euro, un niveau jamais atteint depuis l'introduction de la monnaie unique européenne en 1999, avant de se stabiliser à 1,3606 CHF/EUR à 14H19 GMT.
"Le franc suisse, qui a tenu la vedette durant la semaine écoulée, semble poursuivre son irrésistible ascension", ont estimé les analystes de Pictet dans une note.
Ce bond de la devise suisse intervient alors que le vice-président de la Banque nationale suisse (BNS, banque centrale), Thomas Jordan, a affirmé lundi que l'institut d'émission avait arrêté ses interventions sur les marchés pour éviter un raffermissement du franc suisse.
"Le risque de déflation est largement banni, ce qui veut dire que pour l'heure nous ne devons pas intervenir", a précisé M. Jordan sur la chaîne de télévision publique SF.
Il a cependant rappelé qu'en cas de retour d'un risque de déflation, la BNS allait "utiliser l'ensemble des mesures à sa disposition" pour combattre ce danger.
Afin de lutter contre l'appréciation de sa monnaie face à l'euro, la banque centrale a dépensé des milliards en intervenant sur les marchés des devises où elle a acheté des euros.
Les réserves de change de la Confédération ont ainsi quadruplé depuis le début de la crise pour dépasser les 230 milliards de francs suisses (166,7 milliards d'euros).
Les analystes de Citigroup ont souligné qu'à terme cette stratégie n'était pas viable et qu'elle allait à l'encontre de l'objectif fixé par la BNS de lutter contre l'inflation qui risque de s'accélérer.
"Cela montre clairement que les conditions monétaires doivent être resserrées rapidement", soit par une appréciation du franc suisse, une réduction des réserves de change ou un relèvement des taux directeurs, ont-ils souligné dans une note.