Début avril, le dollar avait pris la poudre d'escampette à la hausse à l'issu d'un biseau baissier qui laissait présager un tel mouvement depuis quelques mois.
Force est de constater néanmoins que la sortie à la hausse a été durement touchée ces dernières semaines essentiellement en raison de l'élévation de l'aversion au risque, une donnée qui ne doit pas être oubliée dans un contexte politique nippon très incertain que nous soulignons depuis des mois et qui vient de passer un nouveau cran négatif en terme de visibilité.
- La principale menace réside dans les opérations de carry-trade que les opérateurs, sur le vif actuellement, peuvent dénouer à tout instant en achetant du yen pour rembourser les emprunts contractés dans cette devise à très faible taux d'intérêt et dont les sommes sont mises sur des placements plus rentables (actions, matières premières etc)
La longue mèche sous le corps du chandelier du mois dernier est à cet égard très claire alors que le Dow Jones subissait un krach éclair début mai. Lorsque la peur gagne les marchés financiers, les opérateurs réduisent en proportion ces opérations en vendant en masse leurs placements pour acheter du yen et rembourser le montant emprunté initialement.
A cela s'ajoute depuis la semaine passée, la démission du gouvernement japonais après seulement un peu plus de 8 mois au pouvoir qui montre l'enlisement économique et financier mais aussi la grande difficulté du pays à formaliser sa relation avec les USA après l'élection d'août 2009 qui avait mis fin à 50 ans de pouvoir d'une frange politique japonaise.
La question du déplacement de la base de l'armée US d'Okinawa aura eu raison du nouveau gouvernement en proie à de multiples malentendus et atermoiements sur sa politique de change et économique, dont les orientations stratégiques en dents de scie depuis l'été dernier ne sont qu'une des composantes de la très difficile question du positionnement du Japon par rapport aux USA.
S'il est bien sûr trop tôt pour cerner ce qui guidera dans les prochaines semaines la politique économique et monétaire de la banque du Japon et du nouveau gouvernement, on prendra garde à toute cassure du support à 91 yens qui ouvrirait la voie sur 88-89.
En cas de rupture de 88,06, soit les plus bas du 6 mai dernier, jour d'effroi à Wall Street, la tendance haussière serait invalidée avec retour probable sur les plus bas.