L'euro a sombré vendredi sous 1,20 dollar, pour la première fois depuis plus de quatre ans, les investisseurs fuyant les devises à risque après les chiffres décevants de l'emploi américain, sur fond d'inquiétudes sur la reprise économique en Europe.
Vers 21H00 GMT (23H00 à Paris), la monnaie européenne valait 1,1972 dollar, contre 1,2158 la veille au soir. Elle est tombée au préalable jusqu'à 1,1956 dollar, son plus bas niveau depuis le 24 mars 2006.
L'euro chutait aussi face au yen, à 110,01 yens contre 112,74 yens la veille.
Le dollar perdait également du terrain face à la devise nippone, à 91,88 yens contre 92,69 yens jeudi.
"Les chiffres de l'emploi (américain) portent un coup à l'enthousiasme sur la reprise" économique mondiale, a observé Joshua Raymond, analyste chez City Index.
En effet, l'économie américaine a créé 431.000 emplois en mai, soit une progression nettement moins bonne qu'espéré, d'un demi-million.
La baisse légèrement plus forte que prévu du taux de chômage, à 9,7%, n'a pas suffi à calmer la nervosité des investisseurs "qui peuvent désormais se poser des questions sur la vigueur de la reprise du marché de l'emploi américain", a prévenu M. Raymond.
Avant même la publication de ces chiffres, les cambistes fuyaient déjà les investissements à risque pour se réfugier auprès de valeurs jugées plus sûres comme le billet vert et le franc suisse.
Cette aversion liée à la crise budgétaire en Europe "a refait surface, cette fois-ci alimentée par des inquiétudes sur la Hongrie", a indiqué Samarjit Shankar, de BNY Mellon.
A Budapest, des déclarations alarmistes de responsables du parti au pouvoir sur la situation économique du pays ont remis en cause la crédibilité financière d'un Etat qui est, afin d'éviter un défaut de paiement, sous perfusion de 20 milliards d'euros mis à disposition par le Fonds monétaire international (FMI), l'Union européenne (UE) et la Banque centrale européenne (BCE) depuis l'automne 2008.
Pour corser le tout, le Premier ministre français François Fillon a jugé que la chute continue de la monnaie unique était une "bonne nouvelle", à même de doper les exportations de la zone euro.
"Quand les hommes politiques comprendront-ils que les commentaires emprunts de candeur et destinés à leur public local ont pour effet de déstabiliser les marchés financiers?", s'est indigné Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.
Ces commentaires "ne font aucun cadeau à l'euro", selon l'analyste. "Ils n'aident certainement pas à stabiliser la monnaie unique", et au contraire "ébranlent de plus belle la crédibilité des politiques dans leur volonté de soutenir l'euro", a-t-il poursuivi.
Autre élément plombant l'euro, les analystes de la banque HSBC ont abaissé vendredi leur recommandation sur l'Europe (hors Royaume-Uni) de "neutre" à "sous-pondéré", car "il reste encore beaucoup trop d'incertitudes sur la santé des banques, sur l'avenir de l'euro, sur les dettes des Etats, et sur la croissance pour prendre des risques dans cette région actuellement".
Vers 21H00 GMT, la livre britannique progressait face à l'euro à 82,80 pence pour un euro, mais baissait face au billet vert à 1,4455 dollar.
La monnaie helvétique bondissait face à l'euro à 1,3917 franc suisse pour un euro, après être tombée vers 11H05 GMT à un nouveau plus bas historique, à 1,3867 franc suisse pour un euro. Elle baissait en revanche face au dollar à 1,1620 franc suisse pour un dollar.
La monnaie chinoise a terminé à 6,8288 yuans pour un dollar contre 6,8283 yuans la veille.
Cours de vendredi Cours de jeudi
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21H00 GMT 21H00 GMT
EUR/USD 1,1972 1,2158 EUR/JPY 110,01 112,74 EUR/CHF 1,3917 1,4065 EUR/GBP 0,8280 0,8323 USD/JPY 91,88 92,69 USD/CHF 1,1620 1,1564 GBP/USD 1,4455 1,4609
- avec Dow Jones Newswires -