La chute de l'euro en raison de l'inquiétude sur la croissance économique en Europe constitue également une situation "inquiétante" pour la Suisse, dont la monnaie continue parallèlement de s'apprécier, a indiqué lundi le président de la banque centrale helvétique.
"La fuite de l'euro conduit à une pression à la hausse sur le franc suisse, mettant ainsi en danger la stabilité des prix et la reprise économique en Suisse" dépendante des exportations et donc d'un franc suisse faible, a averti Philipp Hildebrand, selon le texte de son discours prononcé à Zurich.
"Cette situation est inquiétante pour notre pays, car nous ne pouvons pas influencer directement les événements en Europe", a souligné le patron de la Banque nationale suisse (BNS).
L'euro a chuté lundi jusqu'à 1,2235 dollar, son plus bas niveau depuis quatre ans, avant de regagner une partie du terrain.
Les investisseurs craignent que les problèmes de dette en zone euro ne pèsent à long terme sur la reprise économique en Europe, et doutent encore de l'efficacité du plan de soutien de 750 milliard d'euros décidé il y a une semaine pour les pays qui seraient en difficulté.
Face aux incertitudes dans la zone euro et malgré les interventions de la BNS, le franc suisse n'a cessé de se renforcer ces dernières semaines et a même atteint dimanche un nouveau plus haut historique à 1,3991 franc suisse vers 18H50 GMT, franchissant pour la première fois le seuil de 1,40 franc suisse pour un euro.
Lundi, le franc suisse était solidement ancré autour de ce seuil et s'échangeait à 1,4006 franc suisse pour un euro à 15H11 GMT.
"La BNS est en train d'intervenir, sinon le franc suisse serait déjà beaucoup plus haut", a estimé un opérateur zurichois.
L'institut d'émission helvétique ne commente jamais ses interventions, mais il a régulièrement rappelé son engagement à lutter contre une appréciation "excessive" de sa monnaie.
Selon le trader, "la BNS essaie de se braquer contre" le raffermissement du franc suisse, mais "elle n'a aucune chance" d'empêcher à terme un passage sous les 1,40 CHF/EUR.
Les interventions de la BNS sur les marchés des changes, où elle achète des euros pour contrer l'appréciation de sa devise, "ne sont plus tenables d'un point de vue politique, car elles commencent à coûter très cher", a-t-il souligné.