Le dollar continuait de reculer nettement face à l'euro jeudi, après s'être déjà effondré la veille à la suite de l'annonce par la Réserve fédérale américaine (Fed) d'un renforcement de sa politique d'assouplissement quantitatif, via des rachats massifs de titres.
Vers 19H00 GMT (20H00 à Paris), la monnaie européenne valait 1,3657 dollar contre 1,3509 mercredi vers 22H00 GMT.
L'euro baissait face au yen jeudi, à 129,09 yens contre 129,74 mercredi soir. Le dollar dérapait aussi face à la devise nipponne à 94,53 yens contre 96,03 yens la veille.
La décision surprise de la Fed mercredi de racheter sur les marchés des bons du Trésor et des titres adossés à des crédits immobiliers a alimenté les craintes de dépréciation des avoirs américains et a entraîné le billet vert vers des niveaux plus vus depuis le début de l'année. Il a touché 1,3738 dollar vers 15H15 GMT, un nouveau plus bas depuis le 9 janvier.
Le dollar souffrait de ces annonces pour trois raisons, selon Jessica Hoversen, de MF Global.
A l'annonce du rachat par la Fed de bons du Trésor américain à long terme sur les six prochains mois, les investisseurs se sont rués sur le marché des obligations, et les rendements ont chuté, sapant l'attractivité des actifs en dollars.
Le dollar a également souffert des craintes pour l'inflation à long terme, consénquence de l'injection massive de liquidités.
Enfin, le dollar a été pénalisé par la hausse des marchés boursiers qui a fait suite aux mesures de la Fed. Cette dernière explication était moins vraie jeudi, alors que Wall Street évoluait en baisse, "suggérant peut-être une nouvelle tendance pour le dollar", a souligné Mme Hoversen.
Les économistes de High Frequency Economics estimaient pour leur part que le billet vert devrait rapidement se stabiliser.
"Si les gens pensent qu'il va y avoir de l'inflation aux Etats-Unis, ils doivent suspecter que la Fed va devoir resserrer les conditions monétaires au plus tôt", a ainsi estimé Carl Weinberg, de HFE.
L'annonce de la Fed avait dans un premier temps inspiré des commentaires emphatiques aux analystes, Standard Chartered titrant une de ses études "le jour où le dollar est mort".
"C'est un signal que les prudentes demi-mesures n'ont pas été efficaces et que la Fed est désormais prête à faire tout ce qui est en son pouvoir pour baisser TOUS les taux", résumaient les analystes de Standard Chartered, notant que les cambistes se dirigeaient maintenant vers les "actifs plus risqués comme les monnaies des marchés émergents et les actions".
Certes, des mesures équivalentes de la part de la Banque centrale européenne au sein de la zone euro pourraient relancer le billet vert face à l'euro, alors que les banques centrales japonaise, suisse et britannique ont lancé des politiques d'assouplissement quantitatif similaires. Mais cela semblait improbable à court terme, jugeaient la plupart des analystes.
"L'impact de cette politique sur le dollar dépendra de l'efficacité de cette politique et des attentes d'inflation (...) Une politique d'assouplissement quantitatif ne débouche pas forcément sur un affaiblissement de la monnaie, le yen par exemple ne s'en était pas mal porté il y a quelques années", rappelait Mitul Kotecha, de Calyon.
Vers 19H00 GMT, la livre britannique remontait face au billet vert à 1,4506 dollar, comme face à l'euro à 94,20 pence.
Le franc suisse progressait par rapport à l'euro à 1,5361 franc suisse, comme face au dollar à 1,1246 franc suisse pour un dollar.
Le yuan chinois a clôturé à 6,8284 yuans pour un dollar contre 6,8348 la veille.