Nick Hayek, le patron de Swatch, a appelé la banque centrale helvétique à intervenir de nouveau pour freiner l'appréciation du franc suisse, qui a atteint des records face au dollar et à l'euro.
"Nous devons nous défendre", a estimé le directeur général de Swatch dans un entretien publié dimanche dans le journal suisse Sonntagszeitung.
La Banque nationale suisse (BNS, banque centrale) "doit fixer un objectif de cours pour le franc, par exemple à 1,35 (franc pour un euro), et le défendre. Ce serait enfin un signe clair" aux marchés, a précisé le patron du numéro un mondial de l'horlogerie.
Selon ce dernier, le niveau record de la monnaie helvétique face aux principales devises, l'euro et le dollar, n'est pas une conséquence de la solidité de l'économie suisse qui attire les investisseurs vers une "valeur refuge", mais de la spéculation.
"Nous avons un franc suisse dont le renchérissement est la conséquence de la spéculation", a souligné M. Hayek.
Alors que la plupart des sociétés suisses ont publié des résultats affectés par le renchérissement du franc, Swatch a annoncé jeudi un bénéfice net en hausse de 24,5% à 579 millions de francs suisses (503 millions d'euros).
"Si le franc reste à des niveaux aussi élevés par rapport au dollar et à l'euro, il ne sera pas simple de maintenir notre profitabilité au niveau actuel", a cependant averti M. Hayek.
Le raffermissement du franc "n'aura pas seulement des conséquences très, très lourdes pour nous, mais pour l'ensemble des entreprises en Suisse et pour le tourisme", selon ce dernier.
Le franc suisse a atteint de nouveaux records en fin de semaine, porté par la crise de la dette en Europe et aux Etats-Unis. Vendredi soir, la monnaie suisse s'échangeait à 1,1313 franc pour un euro et à 0,7852 franc pour un dollar.
La BNS, qui était intervenue jusqu'en 2010 sur les marchés des changes pour tenter de limiter le renchérissement du franc, a dû arrêter cette stratégie après avoir subi d'importantes pertes de changes sur les devises qu'elle avait rachetées.
Au premier semestre, l'institut d'émission a ainsi subi un nouveau résultat négatif de 10,8 milliards de francs suisses (9,4 milliards d'euros) en raison de pertes subies sur ses positions en monnaies étrangères.