Le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ) juge que la vigueur actuelle du yen peut permettre de limiter les effets négatifs sur l'économie nippone du renchérissement des importations de matières premières et d'énergie.
"L'appréciation du yen contrebalance l'impact négatif des conditions plus défavorables des échanges commerciaux", a expliqué Masaaki Shirakawa, dans un entretien accordé au Wall Street Journal publié mardi.
Les cours du pétrole ont augmenté ces dernières semaines et particulièrement depuis une dizaine de jours, les violences en Libye et au Moyen-Orient faisant craindre une perturbation de la production. Le Japon est particulièrement exposé car il importe 90% de son pétrole de cette région.
Considéré comme une valeur refuge en temps d'incertitude, le yen a flambé pendant l'été.
Il a alors atteint ses plus hauts niveaux en 15 ans face au dollar et en 9 ans vis-à-vis de l'euro, une force qui s'est à peine atténuée depuis mais à laquelle se sont habitués les industriels nippons.
"En août dernier, la monnaie japonaise a brutalement augmenté et le moral des entreprises a chuté. Mais depuis l'automne, nous n'avons pas observé de nouvelle appréciation du yen. Le moral des entreprises s'est en conséquence stabilisé", a rappelé M. Shirakawa.
Le gouvernement japonais était directement intervenu le 15 septembre 2010 sur le marché des changes, pour la première fois depuis plus de six ans et via la BoJ, afin d'affaiblir le yen notamment face au dollar.
Cette action n'avait toutefois pas eu d'effet majeur sur le taux de change et les autorités n'ont pour l'heure pas récidivé, d'autant que la plupart des grandes firmes japonaises, inquiètes du phénomène au début, ont jusqu'à présent réussi à s'en accommoder et ont dégagé des profits ces derniers mois.
M. Shirakawa a souligné que la vigueur du yen n'entraînait "actuellement pas de risque supplémentaire" pour l'économie nippone, dont la croissance dépend pourtant largement des exportations.
Un yen trop fort est a priori handicapant pour les sociétés japonaises faisant commerce à l'étranger, réduisant la valeur de leurs profits rapatriés dans l'archipel, une fois convertis en monnaie nationale. La cherté du yen tend en outre à réduire la compétitivité de leurs produits.
Parmi diverses mesures d'assouplissement de sa politique monétaire (pour favoriser les investissements, doper l'activité, lutter contre la déflation et amoindrir l'attractivité du yen), la BoJ a abaissé en octobre dernier son principal taux directeur dans une fourchette comprise entre 0% et 0,1%, adoptant de fait une pratique de taux zéro.