Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, a prévenu jeudi que le Japon interviendra de nouveau directement sur les marchés des changes "si nécessaire", afin d'affaiblir le yen si sa valeur remonte trop vite.
"Le Japon agira de façon résolue sur les marchés des changes si nécessaire", a déclaré M. Kan, au lendemain de la première intervention directe des autorités nippones sur les places financières depuis mars 2004.
"Nous sommes déterminés à ne pas permettre des fluctuations rapides du yen", a-t-il ajouté.
Mercredi, les autorités japonaises ont vendu massivement des yens sur les marchés, principalement contre des dollars, afin d'abaisser la valeur du yen qui venait d'atteindre son plus haut niveau en 15 ans face au billet vert.
La devise nippone a rapidement baissé et évoluait toujours jeudi à des niveaux bien plus faibles que ceux précédant l'intervention, malgré un léger regain.
A 17H00, heure de Tokyo, soit 08H00 GMT, le dollar cotait 85,42 yens, contre 85,72 yens à 21H00 GMT la veille. Il avait chuté jusqu'à 82,86 yens mercredi en début de journée avant l'action du Japon.
Face à l'euro, le yen remontait légèrement mais restait également bien en-deçà des sommets enregistrés avant l'opération des autorités nippones. L'euro valait 111,17 yens à 08H00 GMT contre 111,51 yens la veille à 21H00 GMT.
Yuki Sakasai, spécialiste des devises à la banque Barclays Capital, prédit que le Japon pourrait de nouveau agir "si le yen repartait vite à la hausse, par exemple si le dollar baissait d'un ou deux yens en une journée".
La Bourse de Tokyo a clôturé jeudi quasi stable (-0,07%), les investisseurs attendant de voir l'évolution à venir sur les marchés des changes, après l'action surprise des autorités japonaises.
Selon la presse japonaise, l'intervention du Japon mercredi, débutée dans la matinée à Tokyo, s'est poursuivie sur les places de Londres et New York, portant au total sur 2.000 milliards de yens (18 milliards d'euros) en près de 24 heures.
Bien que ce type d'action directe soit plus efficace en étant menée par plusieurs pays simultanément, les autorités nippones se sont résolues à passer à l'action seules.
Une intervention directe, même répétée, pourrait toutefois avoir du mal à stabiliser durablement le yen à un niveau jugé acceptable à Tokyo, à cause des différences de taux et fondamentaux économiques entre le Japon et les Etats-Unis, estiment les analystes.
De son côté, la Banque du Japon (BoJ) a injecté 1.000 milliards de yens (9 milliards d'euros) dans le circuit financier, une opération distincte de l'intervention sur le marché des changes, afin de fluidifier la circulation monétaire et apaiser les conséquences fâcheuses de la vigueur du yen.
Le gouverneur de la BoJ, Masaaki Shirakawa, a souligné jeudi que l'institut d'émission continuera d'injecter des fonds de la sorte tant qu'il le faudra.
Valeur refuge en temps d'incertitudes, le yen avait grimpé particulièrement vite ces derniers semaines, poussé par des achats spéculatifs.
Son renchérissement handicape les groupes exportateurs nippons dont la compétitivité est mise à mal de même que la valeur des profits rapatriés dans l'archipel. Le Japon craint ainsi des délocalisations industrielles qui se traduiraient par une détérioration du marché de l'emploi.
Le pays redoute en outre qu'un yen trop cher n'aggrave la déflation, en réduisant le tarif des produits importés. Ce phénomène de baisse continue des prix décourage l'investissement et limite la consommation, freinant la reprise économique de l'archipel.