
Les Bourses mondiales ont connu jeudi une nouvelle rechute en raison des tiraillements dans la zone euro provoqués par l'attitude allemande faisant cavalier seul, et en dépit d'une accalmie de courte durée dans la matinée.
A la Bourse de New York, le Dow Jones a accusé sa plus forte baisse depuis début mars 2009 (-3,60%), tandis que le Nasdaq a chuté de 4,11%.
"Ce que l'on voit sur le marché, c'est la peur face à la chute très rapide de l'euro, et aux conséquences des dissensions internes qui s'expriment tous les jours en Europe", a observé Gregori Volokhine, de Meeschaert New York.
Après avoir perdu 3% ou 4% après l'ouverture, dans le rouge, de Wall Street, les places européennes ont cependant réduit leurs pertes à la clôture: Francfort a fini en baisse de 2,02%, Paris de 2,25% et Londres de 1,65%. La Bourse de Madrid a terminé la séance sur un recul de 1,13%.
Au soir d'une journée de grève générale et de manifestations contre le plan d'austérité du gouvernement grec, la Bourse d'Athènes a également fini en forte baisse de 3,32%, au plus bas depuis plus d'un an.
Suivant la tendance sur les autres places mondiales, le RTS, la principale place boursière moscovite, a perdu 5,5%.

L'Asie avait donné le ton de la journée, Tokyo clôturant en baisse de 1,54%.
Du côté des matières premières, le baril de pétrole a brièvement plongé sous les 65 dollars, pour la première fois depuis juillet.
L'Allemagne, poids-lourd de la zone euro, a semé le trouble en décidant d'interdire, jusqu'en mars 2011, les ventes à découvert à nu sur les emprunts d'Etat de la zone euro, sur certains CDS (credit default swaps, des couvertures contre le risque de faillite d'un pays ou d'une entreprise) et sur dix actions du secteur financier outre-Rhin.
Les ventes dites "à découvert" permettent à des opérateurs de marchés boursiers de vendre des titres qu'ils ne possèdent pas encore, avec l'espoir de les racheter à un moindre prix. Plusieurs fois suspendu sur les grandes Bourses mondiales, ce type de transactions a souvent été montré du doigt depuis le début de la crise financière.
Avec cette interdiction, l'Allemagne entend plus précisément enrayer les mouvements spéculatifs mis en évidence par la crise de la dette grecque. Mais, en faisant cavalier seul, Berlin a inquiété des marchés excessivement nerveux depuis près de deux semaines. Le patron de l'Eurogroupe, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker s'est étonné jeudi de cette unilatéralité allemande, contribuant à la cacophonie européenne.
L'opérateur de la Bourse de Francfort, Deutsche Börse, s'est désolidarisé de cette décision. "Une interdiction des ventes à découvert peut dégrader la qualité du marché et accroître le coût des liquidités", a-t-il souligné, condamnant également le manque d'unité en Europe.
La France s'est également montrée réservée. L'Autorité des Marchés Financiers (AMF), gendarme de la Bourse français, a mis en doute jeudi matin l'efficacité de cette interdiction alors que la ministre des Finances Christine Lagarde qualifiait de "discutables" les modalités de celle-ci.
"C'est une mesure qui doit être prise en concertation" au niveau européen, a regretté Mme Lagarde.
La ministre française a en outre contredit la chancelière Angela Merkel qui avait estimé mercredi que "l'euro (était) en danger".
"L'euro est une devise solide, crédible qui a assuré la stabilité de la zone pendant plus de dix ans", a-t-elle déclaré.
La devise européenne, après avoir passé une grande partie de la journée en baisse, a vivement rebondi sur des rumeurs d'interventions des banques centrales suisse et européenne. Elle valait vers 20H30 GMT 1,2485 dollars, peu après un pic à 1,2598 dollar, contre 1,2408 dollar mercredi soir.
Lors de son passage à Tokyo, M. Juncker s'est dit "réellement inquiet de la rapidité de la baisse du taux de change" de l'euro face au dollar. Il a cependant écarté l'idée d'un intervention de la BCE pour soutenir l'euro.