L'euro a cassé le seuil de 1,30 dollar mardi, pour la première fois depuis un an, plombé par la crainte que la Grèce ne parvienne pas à redresser ses finances et la peur d'une contagion de la crise, avec l'Espagne en ligne de mire.
Vers 21H00 GMT (23H00 à Paris), l'euro valait 1,2988 dollar, contre 1,3187 dollar lundi à la même heure. Enchaînant les plus bas au cours de la séance, la monnaie unique a finalement cassé le seuil de 1,30 dollar qui n'a offert qu'une résistance timide. Il est tombé jusqu'à 1,2982 dollar, son plus bas niveau depuis le 28 avril 2009.
L'euro était également en baisse face à la monnaie nippone, à 122,76 yens contre 124,71 yens lundi soir.
En revanche le billet vert était relativement stable face au yen, à 94,51 yens contre 94,55 yens la veille.
"Les investisseurs craignent tout simplement que le prêt de l'Union européenne et du Fonds monétaire international ne soit pas suffisant. Il a fallu longtemps aux dirigeants pour se mettre d'accord sur une solution, si cela ne marche pas, la question se pose, comment va-t-on fixer le problème", a expliqué Jessica Hoversen, de MF Global.
Bien que la Grèce ait obtenu ce week-end de la zone euro et du FMI des prêts de 110 milliards d'euros sur trois ans, les cambistes ont continué à se défaire de leurs euros depuis le début de la semaine.
La monnaie unique reste par ailleurs durement pénalisée par la crainte que la crise de la dette grecque ne s'étende à d'autres membres de la zone euro, notamment à l'Espagne.
Le seuil de 1,30 dollar a cédé face à des rumeurs selon lesquelles d'autres agences de notation allaient dégrader la note de l'Espagne, et selon lesquelles Madrid pourrait demander une aide financière colossale au FMI, pourtant démentie par l'organisme et le gouvernement espagnol. L'ensemble des marchés financiers a été affecté par ce regain de nervosité.
L'annonce que le FMI doit entériner définitivement dimanche le programme d'aide à la Grèce de 30 milliards d'euros sur trois ans, auquel il a donné son accord de principe, n'a pas enrayé la baisse de l'euro sur un marché toujours dans l'attente de quelque chose de plus concret.
"Les dirigeants européens ont perdu un certain degré de crédibilité. Le plan UE-FMI n'était pas audacieux", ont estimé les analystes de Brown Brothers Harriman.
La Banque centrale européenne s'est attirée de son côté de nombreuses critiques après avoir décidé lundi d'assouplir ses règles de crédit pour les obligations grecques, une mesure exceptionnelle prise pour la bonne cause mais en contradiction avec ses principes.
Fondée sur une argumentation "douteuse", cette décision "n'est pas exactement de nature à améliorer la crédibilité de la BCE et elle pourrait faire pression sur l'euro", a jugé Ulrich Leuchtmann, de Commerzbank.
"Il y a probablement des craintes (au sein du marché) que la BCE ne soit obligée de réintroduire des opérations de refinancement à long terme illimitées", a ajouté Jessica Hoversen.
Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz a même prédit mardi la fin possible de l'euro si l'Europe ne parvient pas à régler ses "problèmes institutionnels fondamentaux", dans la foulée de la crise grecque.
Vers 21H00 GMT, la livre britannique s'inscrivait en hausse face à l'euro, à 85,74 pence mais en baisse face à la monnaie américaine, à 1,5142 dollar.
La monnaie helvétique était presque stable face à l'euro à 1,4321 franc suisse pour un euro, et en baisse face au dollar, à 1,1028 franc suisse pour un dollar.
La monnaie chinoise a fini à 6,8268 yuans pour un dollar contre 6,8253 yuans lundi.
Cours de mardi Cours de lundi
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21H00 GMT 21H00 GMT
EUR/USD 1,2988 1,3187 EUR/JPY 122,76 124,71 EUR/CHF 1,4321 1,4324 EUR/GBP 0,8574 0,8651 USD/JPY 94,51 94,55 USD/CHF 1,1028 1,0859 GBP/USD 1,5142 1,5244