La Chine a enjoint vendredi les Etats-Unis de ne pas "politiser" la question du taux de change du yuan, sa monnaie, sous peine de "compliquer" encore la situation.
Alors que des sénateurs américains se mobilisent pour voir la Chine classée dans les pays manipulant leur monnaie, un haut responsable chinois a estimé qu'il fallait "prendre toutes les mesures possibles pour éviter la politisation de la question et l'irruption dans le débats des émotions".
"Si des facteurs politiques sont ajoutés, cela compliquera l'ensemble de la situation et affectera les négociations et le dialogue, ce qui n'est pas ce que nous souhaitons", a estimé He Ning, un responsable du ministère du Commerce chargé des relations avec les Etats-Unis, lors d'une conférence de presse.
Des sénateurs américains ont déposé mardi une proposition de loi en faveur d'un renforcement de la surveillance des taux de change par les autorités américaines.
Si Pékin n'est pas spécifiquement cité dans le texte, le principal auteur de la proposition de loi, le sénateur démocrate Charles Schumer, n'a pas hésité à dénoncer lors d'une conférence de presse "la manipulation de la monnaie chinoise", jugeant que la sous-évaluation du yuan avait "contribué à la récession mondiale et entravait la reprise".
De son côté, le président Barack Obama a récemment appelé la Chine à "évoluer vers un taux de change plus conforme au marché" dans le cadre "des efforts mondiaux de rééquilibrage".
Les critiques contre la valeur du yuan se sont multipliées ces derniers temps, venant des Etats-Unis mais aussi de l'Union européenne ou du Fonds monétaire international.
Les partenaires commerciaux de la Chine estiment que le niveau de la monnaie chinoise favorise les exportations du pays, qui a ravi l'an dernier à l'Allemagne sa place de premier exportateur mondial.
Mais le Premier ministre Wen Jiabao a fermement repoussé les critiques dimanche, s'offusquant que la Chine soit "montrée du doigt" et soumise à des pressions.
"Ce genre de pratiques n'est pas dans l'intérêt d'une réforme du régime du taux de change du renminbi", autre nom de la monnaie chinoise, a-t-il lancé lors d'une conférence de presse, à l'issue de la session annuelle parlementaire.
Parallèlement à ces vifs échanges de propos, les efforts diplomatiques se poursuivent.
La Chine a annoncé que le vice-ministre du Commerce Zhong Shan se rendrait à Washington de mercredi à vendredi prochains pour rencontrer les représentants américains et des responsables des Départements du Commerce et du Trésor.
"Cette visite constitue un effort de consultations et d'échanges de vue sur le commerce sino-américain, les frictions commerciales et d'autres sujets commerciaux", a indiqué le ministère du Commerce dans un communiqué.
Zhong ne devrait toutefois pas lâcher du lest sur le yuan, alors que Pékin craint de mettre en danger ses exportations tout juste reparties à la hausse après avoir été touchées de plein fouet par la crise internationale.
Utilisant l'image de "l'eau qui ne bout pas à 99 degrés, mais bout avec un degré de plus", il a souligné qu'une hausse du yuan même "de faible magnitude pourrait entraîner des changements fondamentaux", dans une interview à l'agence Dow Jones Newswire.
Le yuan s'est apprécié de quelque 21% entre 2005 et 2008 par rapport au dollar mais depuis l'été 2008 il est arrimé au billet vert.