France Télécom (-1,01% à 16,25 euros) évolue en ligne avec l'indice CAC 40 après avoir annoncé le rachat de 40% du capital du deuxième opérateur marocain, Médi Télécom (Meditel), pour 640 millions d'euros. Il s'agit de la première opération de croissance externe significative depuis la présentation de la stratégie 2015 début juillet. Dans ce cadre, l'opérateur télécoms prévoit de réaliser de 5 à 7 milliards d'euros d'acquisitions et de doubler son chiffre d'affaires dans les pays émergents d'ici 2015.
L'opérateur télécoms historique a précisé que cette transaction serait relutive dès 2011 en termes de cash flow par action et de bénéfice par action. Le directeur général, Stéphane Richard, a indiqué qu'il comptait porter sa participation à 49% d'ici 2015, ce qui permettra consolider cette filiale globalement dans ses comptes. Médi Télécom a par ailleurs vocation à être introduit à la Bourse de Casablanca à court-moyen terme.
Oddo juge que le prix est légèrement élevé, mais acceptable rapporté à la relution, aux synergies avec ses filiales française et tunisienne et à la pertinence stratégique. Pour atteindre son objectif de développement dans les pays émergents, France Télécom doit encore seulement acquérir 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires par croissance externe après cette opération, précise-t-il.
CM-CIC juge également élevé le prix de la transaction, mais fait remarquer sa faible taille. Elle ne représente que 1,5% de la capitalisation de France Télécom et n'est donc pas susceptible de modifier son opinion sur la valeur. L'analyste est actuellement neutre.
Médi Télécom est principalement présent dans la téléphonie mobile avec 10 millions d'abonnés mobile, soit environ 37% de parts de marché. L'opérateur a réalisé en 2009 un chiffre d'affaires de 5,3 milliards de dirhams (465 millions d'euros), une marge d'ebitda de 40%, et a généré un cash flow opérationnel d'environ 1,4 milliard de dirhams (131 millions d'euros).
(C.J)
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- France Télécom-Orange est le troisième opérateur mobile et le premier fournisseur d'accès internet adsl en Europe. Il est l'un des leaders mondiaux des services de télécommunications aux entreprises multinationales, sous la marque Orange Business Services.
- En 2005, le groupe a adopté une stratégie d'operateur intégré. Depuis, il a renforcé sa présence géographique et pris les virages technologiques pour assurer son avenir.
- Grâce à une décision de justice qui lui est favorable, France Telecom peut poursuivre ses offres couplées d'accès à Internet et de diffusion d'Orange Sports. Sa stratégie, qui consiste à enrichir son offre d'accès à Internet en développant des contenus et à pratiquer des prix plus élevés, est donc validée.
- La résolution du conflit avec Orascom est très positive car l'Egypte est l'un des marchés les plus dynamiques du continent africain.
- L'action offre un rendement élevé (près de 10%) grâce à un dividende élevé et récurrent.
Les points faibles de la valeur
- France Télécom évolue dans un cadre réglementaire défavorable, marqué par une pression accrue des instances régulatrices du secteur.
- En 2010, les mesures de régulation devraient avoir un impact d'environ 1 milliard d'euros sur le chiffre d'affaires, et de 400 à 500 millions sur la marge brute d'exploitation.
- France Télécom est probablement l'opérateur historique le plus « challengé » en Europe sur son marché domestique et il sera confronté à une nette érosion de ses cash-flows à moyen terme.
- La concurrence se durcit à travers le lancement de nouvelles offres, dont Ideo développée par Bouygues Telecom.
- L'arrivée d'un quatrième acteur sur le marché français de la téléphonie mobile va modifier l'état des forces en présence sur le marché. Free, dont l'entrée sur le marché est prévue début 2012, veut casser les prix.
- Le groupe traverse une grave crise sociale marquée par plusieurs suicides. Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour « harcèlement moral » suite à ces suicides, qui sont imputés à la politique de restructuration et aux méthodes de management du groupe. Ce contexte social non encore apaisé limite la marge de manoeuvre du groupe, tant sur le plan financier que sur celui de la communication
Comment suivre la valeur
- France Télécom est considérée comme une valeur défensive et de rendement.
- Le titre est très sensible aux actions intentées par ses concurrents.
- Pour tenter de résoudre la crise sociale sans précédent, le groupe a présenté début juillet ses engagements et ses plans d'action pour les cinq prochaines années. C'est le plan « Conquêtes 2015 ». France Telecom a ainsi pour objectifs de compter 300 millions de clients d'ici à 2015, de doubler le chiffre d'affaires issu des pays émergents avec un objectif de 5 à 7 milliards d'euros d'acquisitions d'ici trois ans, et de recruter 10.000 salariés en France sur 2010-2012.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Opérateurs télécoms
Les experts estiment que d'ici à 2015 les revenus générés par l'explosion du trafic mobile devraient au mieux compenser la baisse continue du chiffre d'affaires des communications téléphoniques (chiffrée à 4% annuellement). Les opérateurs se plaignent de devoir financer seuls de lourds investissements dans les réseaux de télécommunications. Ils sont confrontés à des investissements très lourds ; selon l'Idate, 300 milliards d'euros seront nécessaires pour remplacer le cuivre par de la fibre optique en Europe. Le Vieux-continent est déjà en retard dans le très haut débit. Or, face à des conditions de financement qui se sont durcies, les intervenants vont éprouver des difficultés à engager les dépenses.