Le géant pétrolier français Total, qui a annoncé jeudi des bénéfices en hausse de 17% au 3e trimestre tirés par les cours élevés du pétrole, se rapproche encore de ses profits historiques de 2008, les plus élevés jamais réalisés par une entreprise hexagonale.
Entre janvier et septembre, la compagnie basée à La Défense a vu ses bénéfices part du groupe atteindre la barre des 10 milliards d'euros, soit déjà presque autant que pour l'ensemble de 2010, avec un profit de 3,3 milliards pour le troisième trimestre.
Le bénéfice net ajusté, qui reflète mieux la rentabilité des groupes pétroliers en corrigeant les variations brutales des cours et en excluant les éléments exceptionnels, a lui atteint 8,7 milliards.
Or les analystes prévoient actuellement un bénéfice ajusté de près de 3,1 milliards au dernier trimestre, ce qui mettrait Total à 11,8 milliards d'euros en 2011, en nette hausse par rapport aux 10,3 milliards de 2010 et aux 7,8 milliards de 2009 et sur la voie de son record absolu de 13,9 milliards en 2008.
Total a indiqué qu'il abordait "avec confiance" la fin d'année, où il compte profiter de la montée en puissance de son nouveau champ géant Pazflor au large de l'Angola et de la reprise de ses champs en Libye après la mort de Mouammar Kadhafi, qui compenseront des arrêts en Norvège et au Yémen.
D'autres grands projets devraient suivre "prochainement" selon Total, au Nigeria, en Australie et en Italie, même si le projet de l'immense champ gazier Shtokman de Gazprom en mer de Barents, dont il détient 25%, "reste soumis à l'amélioration du cadre fiscal et à l'accord des partenaires".
Comme les autres "majors" du secteur BP, Shell ou Exxonmobil qui ont déjà annoncé des bonds de leurs profits, Total surfe sur le cours élevé du baril cet été.
Même s'il est construit sur le modèle dit intégré allant de la recherche de gisements à la pompe, près de 81% de ses bénéfices sont en effet venus de l'"amont", c'est-à-dire l'exploration et l'extraction d'or noir et de gaz.
Dopé par le prix élevé du brut, près de 50% supérieur à ses niveaux du troisième trimestre 2010, le chiffre d'affaires de Total a bondi de 15% à 46,2 milliards.
Comme d'autres géants du secteur, sa production d'hydrocarbures (pétrole et gaz) a pourtant reculé, de 1% à 2,32 millions de barils par jour (-9% pour le seul pétrole), affectée notamment par le robinet coupé en Libye. Total pense y revenir à son niveau d'avant-guerre d'environ 50.000 barils par jour autour du second semestre 2012, a dit le directeur financier Patrick de la Chevardière lors d'une conférence téléphonique.
Le bénéfice ajusté trimestriel est lui ressorti à 2,80 milliards (+13%), contre 2,69 milliards attendus.
En raison principalement de prises de bénéfices, la première capitalisation boursière du cac 40 baissait néanmoins à la Bourse de Paris, les analystes relevant aussi le recul de la production, que Total vise à augmenter de 2,5% par an d'ici 2015. En fin de séance, l'action perdait 2,2% à 38,26 euros.
La bonne nouvelle est venue de la division aval (raffinage et stations-services), dont les bénéfices opérationnels ont augmenté de 47% à 388 millions, la morosité demeurant du côté de la chimie (-7% à 239 millions), l'amont se taillant toujours la part du lion (2,32 milliards, +9%).
Plus grand raffineur européen, Total vient de lancer une réorganisation visant à séparer le raffinage des stations-services pour le fusionner avec la pétrochimie. Objectif: rendre plus rentables des branches dont les bénéfices représentent moins de 20% du total.
Après la fermeture de la raffinerie de Dunkerque l'an passé, Total, qui cherche à vendre pour l'heure sans succès son usine britannique de Lindsey, s'est engagé à ne fermer aucune de ses 5 raffineries françaises d'ici 2015.
Quant à Lindsey, si elle n'est pas vendue d'ici la fin de l'année, "nous la garderons", a dit M. de la Chevardière.