Carrefour (+2,91% à 33,07 euros) a tiré son épingle du jeu dans un marché calme hier en raison de la fermeture des marchés américains. Le géant français de la grande distribution a été soutenu par plusieurs nouvelles favorables. En premier lieu, Deutsche Bank est passé à l'achat sur le titre. De plus, selon Reuters, Carrefour a lancé la vente de ses activités en Malaisie, à Singapour et en Thaîlande. Cette opération pourrait rapporter environ 800 millions d'euros au distributeur.
Il travaillerait avec Goldman Sachs et UBS sur cette transaction, qui devrait notamment susciter l'intérêt des sociétés de capital investissement, ont souligné des analystes.
Ces dernières années, le numéro deux mondial de la distribution s'est retiré du Japon et de la Corée du Sud afin de se concentrer sur des marchés plus importants et à la croissance plus rapide comme l'Inde.
Enfin, Carrefour a annoncé vendredi soir la fermeture à la fin du mois de seize magasins déficitaires en Belgique. Après plusieurs grèves et des doutes sur la possibilité de conclure un accord, le groupe a donc finalement réussi à mettre en place les éléments d'un assainissement et d'une croissance profitable de ses activités.
Parallèlement, l'ensemble des 69 supermarchés (l'enseigne Champion) du groupe franchisé belge Mestdagh passeront progressivement sous l'enseigne Carrefour, représentant un apport de deux points de part de marché, soit environ 500 millions d'euros de chiffre d'affaires.
Les économies de coûts engendrés par les réductions d'effectifs et une limitation de l'augmentation salariale sont chiffrées à 25 millions d'euros par an.
Les analystes (CA Cheuvreux, CM-CIC, Oddo, Aurel BGC) ont logiquement bien réagi à cette annonce. Selon eux, cet accord peut laisser espérer la fin des problèmes de rentabilité du groupe en Belgique. Désormais, il revient à Carrefour de démontrer sa capacité à se positionner de manière plus agressive en Belgique et à regagner les parts de marché perdues, ont-ils souligné.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Deuxième distributeur mondial, derrière l'américain Wal-Mart, et premier distributeur européen, Carrefour bénéficie de positions dominantes dans son secteur.
- Lars Olofsson (précédemment chez Nestlé), à la tête de Carrefour depuis fin 2008, a imposé au groupe un virage stratégique majeur : recentrage sur la marque Carrefour et politique de prix plus bas et plus constant ; changement radical de management, avec notamment l'arrivée d'un ancien de chez Tesco à la tête de la division française.
- Les actionnaires de référence (Groupe Arnault et Colony Capital) depuis mars 2007 exercent une forte pression sur la rentabilité du groupe.
- La diversification géographique de Carrefour lui permet de moins pâtir de l'atonie du marché français et de bénéficier de la croissance dans les pays émergents. D'une manière générale, ses activités internationales sont plus dynamique et plus profitables en moyenne que celles des pays matures. A quoi s'ajoute l'effet positif de la forte appréciation des devises par rapport à l'euro.
- La potentielle externalisation de valeur des 14 milliards d'euros d'actifs immobiliers au sein de Carrefour Property devrait soutenir le cours de Bourse.
Les points faibles de la valeur/=
- Les difficultés dans les hypermarchés, du fait du changement des habitudes de consommation en France avec un attrait plus grand pour les magasins de proximité, restent l'une des principales préoccupations des investisseurs. Le nouveau modèle de croissance pour le 1er pôle du groupe peine à émerger.
- Certains analystes doutent de la capacité du groupe à tenir son objectif d'économies de 1 milliard d'euros d'ici à 2012.
- Certains experts se demandent également si la stratégie de pratiquer des prix plus bas ne va pas peser sur la solidité financière de Carrefour.
- Le retrait de Russie a rendu les investisseurs perplexes. Beaucoup ont considéré cette décision comme étant précipitée et injustifiée. Certains y voient la pression exercée par le fonds activiste Colony Capital, soupçonné de pousser Carrefour à céder massivement des actifs.
=/Comment suivre la valeur/=
- L'activité du groupe est étroitement liée au niveau de consommation, elle-même dépendante du moral des ménages et du taux de chômage.
- Le groupe doit annoncer en septembre un vaste chantier visant à répondre de manière plus efficace aux attentes de ses clients en France. Il vise à rationaliser son offre dans un contexte toujours plus concurrentiel.
- L'ouverture du capital de Carrefour Property, foncière du groupe qui détient 14 milliards d'euros d'actifs est à surveiller.
- Les actionnaires Colony et Bernard Arnault (Blue Capital) pourraient encore peser sur la stratégie, après leur rôle supposé dans le retrait de Russie.
- Carrefour a finalisé la restructuration de ses activités en Belgique. Il reste toutefois à savoir à savoir si le groupe sera capable de regagner les parts de marché perdues dans ce pays et quel niveau de rentabilité le groupe peut désormais attendre en Belgique.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Distribution généraliste
La vente de véhicules automobiles constitue un nouveau créneau pour les distributeurs alimentaires, alors que ce secteur était jusqu'à présent jalousement gardé par les concessionnaires. Ainsi Auchan a lancé courant juin un site internet dédié à la vente de véhicules neufs à prix cassés : auto.auchan.fr. Près d'un millier d'offres sont présentes avec des remises comprises en moyenne entre 17% et 30% sur les prix catalogues des constructeurs. Auchan ne s'est pas associé à un constructeur mais plutôt à un site spécialisé dans la vente de voitures neuves en ligne, auto-ies.com. Le distributeur peut ainsi tirer parti du savoir-faire de son partenaire. Ce dernier bénéficie, lui, de la force de frappe commerciale et de l'image de l'enseigne. Avec cette initiative, c'est la première fois que des voitures sont vendues en permanence sous la bannière d'un grand nom de la distribution alimentaire. L'an passé, Intermarché s'était déjà associé à Ford, mais il s'agissait d'une opération ponctuelle. De plus, les véhicules étaient en réalité commercialisés par les concessionnaires.