En signant ce week-end son premier succès dans la lutte contre la marée noire dans le Golfe du Mexique, BP (+2,07% à 442,30 pence) a mis un terme à la descente aux enfers de son cours de Bourse (-40% depuis le début du drame, le 20 avril). La compagnie pétrolière britannique, qui est parvenue samedi, pour la première fois, à récupérer plus de 10.000 barils par jour (soit plus de la moitié de la fuite), dit désormais avoir bon espoir de siphonner l'essentiel de la fuite d'ici le week-end prochain grâce au perfectionnement de son dôme de confinement.
Soutenu par cette bonne nouvelle, le directeur général Tony Hayward a rejeté l'éventualité d'une démission, se targuant de l'entier soutien du conseil d'administration. Soucieux de faire preuve de transparence, BP a annoncé lundi avoir dépensé plus de 1,25 milliard de dollars pour arrêter la fuite. Mais, le groupe a concédé qu'il était trop tôt pour chiffrer entièrement le coût de la marée noire.
Ce matin, Credit Suisse a revu à la baisse ses propres estimations de coûts à la suite du succès enregistré par BP avec son dôme de confinement. Le broker, qui avait annoncé en fin de semaine dernière le chiffre astronomique de 37 milliards de dollars, table désormais sur une fourchette globale de 20 à 28,8 milliards de dollars.
Rassurant et honnête vis-à-vis du grand public, BP cherche à l'être également vis-à-vis des investisseurs. Sans surprise, la compagnie a différé sa décision concernant le paiement ou non d'un dividende trimestriel. Un tel versement serait mal vu aux Etats-Unis où l'opinion publique exige que tous les fonds disponibles soient consacrés à la marée noire. Aussi, le groupe donnera sa décision fin juillet à l'occasion de ses résultats semestriels.
Pour autant, BP sait que les dividendes constituent un revenu important pour certains de ses actionnaires (fonds de pension britanniques, retraités américains,...). Les supprimer serait donc très négatif pour son image tant à la City qu'à Wall Street.
Pour sa part, le bureau d'études a confirmé sa prévision d'un dividende stable, bien que les risques d'une réduction de ce dernier existent, a-t-il concédé. Au vue de la faiblesse récente du cours de Bourse, un statu quo du dividende se traduirait par un rendement net de plus de 8%, un niveau bien supérieur à celui des concurrents.
Dans ce cadre, Credit Suisse a réitéré son opinion Surperformance et son objectif de cours de 560 pence. De son côté, Oddo est passé à l'Achat sur la valeur avec un objectif de cours réduit de 710 à 620 pence. "La conférence téléphonique tenue vendredi a permis de rassurer sur l'engagement de BP à indemniser les victimes de la catastrophe tout en satisfaisant ses actionnaires", a commenté l'analyste.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pétrole et parapétrolier
Fitch Ratings souligne que les majors pétrolières européennes seraient fragilisées si le cours du baril de pétrole rechutait. Depuis le mois d'octobre, ce cours évolue entre 70 et 80 dollars. De nombreux analystes estiment que le cours du pétrole pourrait baisser au second trimestre du fait de la fin des plans de relance dans les économies développées, et d'une demande en retrait au printemps. Fitch considère que l'industrie pétrolière européenne doit non seulement affronter une baisse de la demande de produits pétroliers mais aussi des marges de raffinage, tombées à leur plus bas niveau en 15 ans. Toutefois, l'AIE (Agence internationale de l'énergie) a légèrement revu à la hausse sa prévision de demande mondiale de pétrole cette année. Elle devrait croître de 1,8% par rapport à 2009, tirée par les pays émergents comme la Chine, contre 1,7% prévu auparavant. En 2009 cette demande avait enregistré une baisse historique de 1,5%. En 2010, la consommation devrait atteindre 86,5 millions de barils par jour. Dans les pays de l'OCDE, l'AIE prévoit une stagnation de la consommation, après une chute de 4,4% en 2009.