EADS (+ 0,50% à 16,17 euros) fait figure de rescapé au sein d'un indice CAC 40 en nette baisse. Le titre du groupe d'aéronautique et de défense accentue sa surperformance depuis le début de l'année : + 28%. Seuls Capgemini et PPR affichent une meilleure performance. Dans un entretien au « Financial Times Deutschland », le directeur financier Hans Peter Ring a déclaré que les ventes 2010 d'EADS pourraient être supérieures aux prévisions grâce à la baisse de l'euro. Le groupe vise actuellement un chiffre d'affaires globalement stable comparé à 2009 où il s'était élevé à 42,8 milliards d'euros.
EADS table également sur un résultat d'exploitation d'environ 1 milliard d'euros sur la base d'un euro à 1,40 dollar.
Hans Peter Ring a également rappelé que la baisse de l'euro n'aurait pas d'impact sur les résultats avant 2012 en raison des couvertures de changes mises en place par la société. « Mais il semble que cela sera différent concernant NOS revenus parce que nous avons davantage de volatilité. Par conséquent nos revenus pourraient être meilleurs que ce qui était préalablement prévus », a-t-il affirmé. Il s'attend également à ce que l'euro ait tendance à s'affaiblir par rapport au dollar sur le long terme.
L'évolution de l'euro par rapport au dollar revêt une dimension stratégique pour le groupe. Une part prépondérante des coûts est en euro alors que les ventes de sa principale division Airbus sont libellées dans la devise américaine.
La monnaie européenne a touché ce matin un nouveau plus bas depuis quatre ans, en s'affaissant à 1,1877 dollar.
L'actualité d'EADS est également dominée par des rumeurs d'une nouvelle commande d'Emirates pour des Airbus A 380. Selon « Les Echos », le contrat porterait sur 12 commandes fermes et 18 options, soit une valeur totale de plus de 10 milliards de dollars au prix catalogue. Les analystes soulignent qu'une nouvelle commande serait une surprise car Emirates doit encore recevoir 49 A 380. « Une éventuelle commande d'A380 marquerait par un certain optimisme dans la reprise du trafic », explique Oddo.
(C.J)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Performances et stratégie
Chiffre d'affaires
Au 31.12.2009 : 42,8 milliards d'euros (-1,2%)
Au 31.12.2008 : 43.265 milliards d'euros (+11%).
Résultats
Au 31.12.2009 : Résultat opérationnel (EBIT) : - 322 millions d'euros ; Résultat net : -73 millions
Au 31.12.2008, Résultat opérationnel : 2.830 millions d'euros (contre 52 millions en 2007) - Résultat net : 1.572 millions d'euros (contre une perte de 446 millions en 2007).
Prévisions
Le groupe prévoit un chiffre d'affaires stable en 2010, avec l'hypothèse d'un euro valant 1,40 dollar. Il estime que l'EBIT devrait atteindre 1 milliard d'euros cette année. Pour cela il compte sur l'amélioration des performances d'Airbus, qui doit tenir le rythme de ses livraisons d'avions, avec la montée en puissance du programme A380. L'avionneur devrait également bénéficier d'économies issues des restructurations pour compenser l'impact sur ses marges des surcoûts de certains programmes (A400M, A380) et des effets de change négatifs.
Le Free Cash Flow après financement clients devrait être négatif pour environ 1 milliard d'euros (contre + 585 millions en 2009), du fait du programme A400 M.
Stratégie
Le groupe cherche à limiter l'impact des fluctuations du cours du dollar par rapport à l'euro en développant sa production aux Etats-Unis pour étendre sa base de coûts en dollars. Cela lui permettrait d'accroître sa compétitivité par rapport à son concurrent Boeing. C'est l'un des enjeux du contrat de renouvellement des 179 avions ravitailleurs de l'US Air Force. Remporter ce contrat permettrait à EADS d'installer une chaîne de production aux Etats-Unis.
Evènements financiers
EADS ne renonce finalement pas au marché des avions ravitailleurs américains. Après avoir conclu une alliance avec l'américain Lockheed pour répondre à l'appel d'offres sur le renouvellement de la flotte d'hélicoptères multimissions (6 à 10 milliards de dollars), le groupe européen a annoncé son intention de répondre à l'appel d'offres des avions ravitailleurs de l'US Air Force (au moins 35 milliards de dollars). Cette fois, EADS sera le maître d'oeuvre. Néanmoins il doit trouver le soutien d'un nouveau partenaire local pour réaliser certaines pièces sensibles du ravitailleur. Il faut attendre le dépôt officiel de la proposition d'EADS (d'ici le 9 juillet), puis une décision du Pentagone prévue à l'automne.
Concernant le programme A400M, EADS a conclu un accord de principe avec les Etats clients de l'avion de transport militaire. Les 5,2 milliards d'euros de nouveaux dépassements évalués seront en partie supportés par les sept clients (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Luxembourg, Royaume-Uni et Turquie) pour 3,5 milliards d'euros : 2 milliards sous forme de hausse du prix de l'appareil assortis de 1,5 milliard sous forme d'avances remboursables. EADS devra, lui, payer le solde (1,8 milliard d'euros). Ce coût a été comptabilisé sous forme de provisions sur l'exercice 2009, alors que le groupe a déjà enregistré 2,4 milliards de provisions sur l'A400M.
Forces et faiblesses de la société
Forces
- La principale filiale du groupe, Airbus, a bien résisté à la crise du transport aérien, en préservant sa place de leader mondial dans l'aéronautique civile et en battant son record de livraisons d'avions ;
- Le programme de l'avion de transport militaire, l'A400M, est sauvé grâce à l'accord entre les pays clients et EADS ;
- Grâce à un bon carnet de commandes, Airbus peut accroître ses cadences de production ;
- L'actuel affaiblissement du cours de l'euro comparé à celui du dollar influe positivement sur la structure des coûts d'EADS ;
- Le groupe est revenu dans la bataille des avions ravitailleurs américains, qui représentent un marché très important.
Faiblesses
- En dépit un recul limité du chiffre d'affaires, EADS a affiché une nette dégradation de ses performances l'an passé, avec des pertes opérationnelles et des pertes nettes ;
- Même si l'accord conclu avec les pays clients permet la poursuite du programme de l'A400M, il a tout de même contraint le groupe à passer une provision de 1,8 milliards d'euros, qui a lourdement pesé sur les comptes 2009 ;
- Le groupe doit affronter une succession de problèmes qui mettent sa trésorerie sous tension : la production des A380 est toujours difficile, le calendrier de l'A350 est très serré, et le marché de l'aviation civile reste fragile ;
- Son concurrent Boeing est mieux armé pour faire face à la crise de l'aviation civile du fait de son activité militaire. Cette dernière représente la moitié de son chiffre d'affaire alors que le militaire, la défense et la sécurité représentent environ 10% des revenus d'EADS;
- Certains analystes considèrent qu'EADS a peu de chances de gagner le contrat de renouvellement des 179 avions ravitailleurs de l'US Air Force. Le groupe européen perdrait alors l'opportunité d'investir le marché américain, premier mondial en termes de défense ;
- Chaque report dans le calendrier de livraison d'avions fait craindre une nouvelle réduction des cadences de production, qui pèse sur les marges.
- Ayant subi des pertes nettes en 2009, le groupe ne distribuera pas de dividendes en 2010.
La valeur et son secteur
Principales activités
Airbus Civil; Airbus militaire ; Eurocopter ; Systèmes de défense et de sécurité.
Le secteur
Se basant sur une hypothèse réaliste, les professionnels estiment que les compagnies aériennes devraient restaurer leur profitabilité plutôt sur 2011. Sur un marché particulièrement affecté par la crise économique mondiale, les spécialistes s'accordent à penser que l'Asie est un marché porteur. Selon Airbus, les compagnies aériennes de la région Asie-Pacifique devraient commander environ 8.000 appareils, représentant 1.200 milliards de dollars d'ici à 2028. La demande de la région va représenter un tiers de la demande mondiale durant cette période. La plupart des appareils commandés devraient être des gros-porteurs tels que l'A380.
La valeur dans son secteur
EADS se présente comme un leader mondial de l'aérospatiale, de la défense et des services associés.
Comment suivre la valeur
- Les performances de l'entreprise sont étroitement liées à la santé des compagnies aériennes, de par l'importance de l'aviation civile dans son chiffre d'affaires. La bonne santé du secteur aérien dépend, elle, de la situation géopolitique et économique mondiale, influant le tourisme et les voyages d'affaires, mais aussi du prix de baril de pétrole. Les prévisions de livraisons d'avion représentent un indicateur à étudier de près.
- Le cours du titre est très sensible à l'évolution du dollar par rapport à l'euro, avec des coûts payés en majorité en euros et plus de la moitié des recettes facturée en dollars.
- 2010 sera crucial pour EADS, car c'est l'année où les compagnies aériennes pourront réellement juger si la crise va durer.
- Suivre les performances de la principale filiale, Airbus, sur le premier trimestre 2010 car l'objectif d'EADS de revenir à l'équilibre dépend étroitement du redressement des résultats de l'avionneur.
- Surveiller la participation d'EADS à l'appel d'offre des avions ravitailleurs américains.
Rémunération des actionnaires
Dividendes versés
0
Taux de distribution des dividendes
0%
Taux de croissance du dividende par action
non significatif
Rendement 2009
0%
Estimations de dividendes par action
0,15 euro en 2010
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Aéronautique - Défense
Fitch considère que les groupes aéronautiques ne sont pas très généreux avec leurs actionnaires. Ainsi, EADS, qui disposait pourtant d'une trésorerie nette de 4 milliards d'euros à la fin du troisième trimestre, n'a pu en faire profiter ses actionnaires car il doit disposer d'un matelas de sécurité compte tenu des difficultés de l'aviation commerciale et des dépassements de coûts du programme A400M. Le cabinet d'étude PricewaterhouseCoopers estime que la valeur totale des fusions-acquisitions dans l'aéronautique et la défense sur le plan mondial, qui s'est établi à 10 milliards de dollars, a atteint, en 2009, son plus bas niveau depuis dix ans. Sur un marché particulièrement affecté par la crise économique mondiale, les spécialistes s'accordent à penser que l'Asie est un marché porteur. Selon Airbus, les compagnies aériennes de la région Asie-Pacifique devraient commander environ 8.000 appareils, représentant 1.200 milliards de dollars d'ici à 2028. La demande de la région va représenter un tiers de la demande mondiale durant cette période. La plupart des appareils commandés devraient être des gros-porteurs tels que l'A380.