
Tesla Motors a beau dégager de modestes revenus et accumuler les déficits, le constructeur des "seules voitures électriques utilisables sur autoroute" a de l’appétit. Il vient de déposer auprès de la Securities and Exchange Commission (le gendarme boursier américain) les documents préparatoires à son entrée en Bourse. Un pavé de presque deux cents pages au fil duquel la firme californienne détaille ses déboires et sa stratégie de conquête.
Les déficits grimpent
Chouchou des peoples (de Leonardo di Caprio à George Clooney) qui plébiscitent ses modèles racés, Tesla va devoir affûter ses arguments pour séduire des investisseurs avertis. Fondé en 2003, Tesla n’est pas une machine à cash. Au 30 septembre dernier, le groupe n’était parvenu à dégager que 108,2 millions de dollars de chiffre d’affaires depuis sa création. A cette même date, le déficit cumulé dépassait les 230 millions de dollars.
Le succès commercial reste à conquérir. A la fin de l’année 2009, le tableau des ventes affichait un bilan mesuré : 937 Tesla Roadster écoulés dans 18 pays au prix unitaire minimum de 109.000 dollars. Lancé début 2008 dans sa version initiale, le Tesla Roadster a été remanié en juillet 2009 (Tesla Roadster 2 et version sportive). Pour donner un coup d’accélérateur à son développement et remédier à l’arrêt de la production de son roadster en 2011, le groupe fonde ses espoirs sur le modèle S. Disponible à compter de 2012, il s’agira de la première berline au monde produite en série. Son prix : 49.900 dollars (36.000 euros).
De multiples sources de financement
Tesla parie sur un boom de la voiture "verte". Selon une étude du cabinet Frost & Sullivan, le marché des voitures électriques (y compris les voitures hybrides) devrait être multiplié par six d’ici 2015. Pour être en mesure de relever le défi, Tesla se démène pour décrocher des financements : l’Allemand Daimler monte à près de 10% du capital en mai, le gouvernement américain lui accorde un prêt de 465 millions de dollars en juin et son projet d’entrée en Bourse prend forme. Le formulaire S-1 adressé à la SEC reste très discret sur les modalités de l’opération : pas de montant ni de calendrier.
L’événement serait hautement symbolique. Il s’agirait de la première introduction en Bourse outre-Atlantique d’un constructeur automobile depuis celle de Ford en 1956. Les investisseurs aventureux et soucieux de l’environnement pourront y voir un placement responsable, à défaut d’être rémunérateur. Tesla a d’ores et déjà prévenu : "nous n’anticipons pas le versement d’un dividende en cash dans un avenir proche".