Le Brésil est une destination à la mode pour les entreprises françaises. Si Dassault Aviation va vendre son Rafale au B du BRIC, Vivendi (-2,40% à 19,535 euros) a, lui, annoncé une OPA amicale, sous conditions, de 2 milliards d'euros sur l'opérateur télécoms fixe alternatif GVT. Selon les analystes, cette opération répond aux critères que le groupe s'est fixé dans sa stratégie de recherche de relais de croissance dans les pays émergents. En effet, cette acquisition ne devrait mettre en péril ni son dividende, ni sa note de crédit.
Concrètement, Vivendi propose 42 réals par action GVT, ce qui représente une prime de 15,8% sur le dernier cours coté et de 22% sur les trois derniers mois. Les analystes soulignent que le prix payé est relativement élevé, mais que la prime affichée par rapport au secteur s'explique par la très forte croissance de sa cible. JPMorgan s'attend ainsi à ce que GVT enregistre une croissance annuelle moyenne de 23% son EBITDA sur la période courant de 2009 à 2012.
Cette OPA amicale est cependant soumise à plusieurs conditions, dont l'obtention d'au moins 51% des actions de l'opérateur télécoms. Vivendi est d'ores et déjà assuré de recevoir au minimum 20 % du capital de GVT, sur les 30 % détenus par ses actionnaires de contrôle. Ceux-ci se sont également engagés à voter en faveur de la levée des dispositions anti-OPA qui figurent dans les statuts. La levée de ces dispositifs, la recommandation de l'offre par le conseil d'administration du Brésilien et bien s-r l'accord des autorités de régulation sont les autres conditions imposées par Vivendi.
Selon ce dernier, ces conditions devraient être remplies d'ici à la fin de l'année.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Vivendi est un acteur majeur du divertissement. Le groupe est présent dans les télécommunications à travers SFR, second opérateur de télécommunications mobiles en France, et Maroc Telecom, premier opérateur de télécommunications mobiles et fixes au Maroc. Par ailleurs, SFR a pris le contrôle de l'opérateur fixe Neuf Cegetel. Sa filiale Groupe Canal + est le numéro 1 français de la télévision à péage. Vivendi est également propriétaire d'Universal Music Group, numéro un mondial de l'industrie du disque. La présence du groupe dans les jeux vidéo est assurée par Vivendi Games, dont le rapprochement avec l'éditeur américain Activision donnera naissance au leader mondial. Enfin, Vivendi détient une participation de 20% dans NBC Universal, issu de la fusion de NBC et Vivendi Universal Entertainment.
Les points forts de la valeur
- Vivendi détient des actifs dont les perspectives de progressions des résultats sont prometteuses (Canal +, Vivendi Games, Maroc Telecom).
- Vivendi est relativement à l'abri du ralentissement de la conjoncture économique, en raison de sa faible exposition aux secteurs les plus cycliques comme la publicité. L'essentiel de son activité est tiré d'abonnements.
- Les rumeurs de rachat par le groupe Vodafone soutiennent le cours de l'action. La probabilité d'un rachat s'est cependant réduite en raison de la dégradation du marché du crédit. Par ailleurs, les pilules empoisonnées sont nombreuses.
Les points faibles de la valeur
- Certains investisseurs doutent de la pertinence tant stratégique qu'industrielle d'être présent à la fois dans les activités Télécom et Médias. Les dirigeants vont devoir convaincre les investisseurs que Vivendi est capable de se doter d'une stratégie de croissance pour les années à venir.
- Universal Music Group doit faire face à un ENVIRONNEMENT dégradé dans le secteur du disque. Le métier est toutefois en train de trouver un nouveau modèle économique.
Comment suivre la valeur
- La communauté financière attend que la direction du groupe dissipe les incertitudes entourant la stratégie du groupe.
- Notons que le titre bénéficie également d'un intérêt spéculatif, car comme Jean-René Fourtou l'a déclaré, le risque d'une OPA de Vodafone sur Vivendi n'est pas à négliger.
- Par ailleurs, on suivra l'amélioration des performances opérationnelles des différents pôles du groupe (Groupe Canal +, Universal Music Group,...).
- Dans le divertissement aux Etats-Unis, les accords avec General Electric stipulent que Vivendi peut demander la mise en bourse de NBC Universal et General Electric acheter la participation de Vivendi. Le prix planché a été fixé à 8,3 milliards de dollars.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Communication - Medias
Confrontés à un manque de visibilité pour les prochains mois, de nombreux acteurs, dont JCDecaux et NRJ, mettent en place des plans d'économies. TF1 a augmenté son objectif de réduction de coûts à 70 millions d'euros. Lagardère a appliqué un nouveau plan d'économies à ses activités presse et audiovisuel dans le monde, s'ajoutant à celui engagé il y a deux ans. La crise provoque également des changements beaucoup plus structurels : le modèle gratuit et reposant sur les recettes publicitaires, qui semblait fonctionner sur Internet, est désormais sérieusement remis en cause. Les intervenants s'accordent à penser que le financement de la production d'information ou de contenus de qualité exige d'autres ressources. Le quotidien anglais « The Financial Times » combine ainsi accès gratuit et modèle payant en proposant la lecture gratuite de 30 articles par mois et en faisant payer un abonnement au-delà. « Le Monde » et « Les Echos » pratiquent également ce type de politique. Quant au «Figaro », il réfléchit à développer des contenus payants sur son site. D'autres proposent des services ou produits pour compléter leurs revenus. C'est le cas de « Femme actuelle » et de « Elle ».