bioMérieux ne connaît pas la crise. Immunisé par le lancement de nouveaux produits prometteurs et un contrôle des coûts optimisé, le spécialiste du diagnostic in vitro a annoncé une hausse de 16% de son résultat opérationnel courant et a relevé son objectif annuel de marge opérationnelle courante. "Le groupe publie des résultats semestriels d'excellente facture, légèrement supérieurs à nos attentes, celles de la société et du consensus", écrit Gilbert Dupont. Les investisseurs partagent ce point de vue. A la Bourse, le titre (+3,86% à 70,50 euros) signe l'une des plus fortes hausses du SRD.
"Avec une croissance des ventes supérieure à 10 % à devises constantes (à 590 millions d'euros) et une progression de 16 % du résultat opérationnel courant (à 37 millions d'euros), bioMérieux a réalisé un bon premier semestre 2009, dans un ENVIRONNEMENT de crise économique mondiale. Cette performance illustre une fois encore la résistance de notre modèle économique", a commenté Stéphane Bancel, directeur général de bioMérieux.
Certes note Gilbert Dupont, le taux de marge brute ressort en légère baisse à 53,7% sur la période (contre 54,2% au 30 juin 2008 et 52,8% au 20 juin 2007) compte tenu d'une hausse des redevances payées, de l'impact de la part croissante des produits de distribution, de l'intégration de la société PML Microbiologicals et des effets de change défavorables.
"Ce retrait a toutefois été limité grâce à la part plus importante des réactifs dans le chiffre d'affaires semestriel (85,9% contre 84,8% au 30 juin 08), la légère hausse des tarifs, la baisse des coûts des matières premières et des transports ainsi que des effets d'échelle et des gains de productivité", souligne le broker.
Fort cette bonne publication, bioMérieux a donc relevé son objectif de marge opérationnelle courante annuelle à un niveau proche de 17%. Le groupe table parallèlement toujours en 2009 sur une croissance globale du chiffre d'affaires qui devrait se situer entre 7% et 9%, intégrant 1% à 2% d'opérations de croissance externe.
Gilbert Dupont a maintenu son opinion Accumuler et son objectif de cours de 75 euros. "Le groupe devrait continuer de publier de bons chiffres grâce notamment à la forte récurrence des activités (90%) et à la bonne tenue des ventes sur l'ensemble des zones géographiques".
De son côté, selon une source de marché, Kepler a souligné des résultats en ligne avec ses attentes et a réitéré sa recommandation d'Achat.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
bioMérieux est un groupe mondial leader dans le secteur du diagnostic in vitro destiné à des applications cliniques et industrielles. bioMérieux conçoit, développe, produit et commercialise des systèmes (réactifs, instruments et logiciels) permettant :
- dans les applications cliniques : le diagnostic, à partir d'un prélèvement biologique (sang, salive, urine, etc.), de maladies infectieuses telles que l'hépatite, le VIH, la tuberculose et les infections respiratoires, et de pathologies telles que certaines maladies cardio-vasculaires et certains cancers ;
- dans les applications industrielles : le contrôle, à partir d'un échantillon industriel ou environnemental, de la qualité microbiologique d'aliments, d'éléments naturels (eau, air), de surfaces et de produits pharmaceutiques et cosmétiques.
Les points forts de la valeur
- bioMérieux bénéficie d'un haut niveau d'expertise dans le diagnostic des maladies infectieuses.
- Des technologies propres (BOOM (TM) ou NASBA (TM) ) justifient son ambition de compter parmi les acteurs de la biologie moléculaire.
- bioMérieux bénéficie d'une position de pionnier en microbiologie industrielle et de fortes positions commerciales.
- Le groupe dispose d'une présence géographique mondiale. 80 % du chiffre d'affaires est réalisé à l'international.
- bioMérieux est actionnaire à 6% de la société de biotechnologie ExonHit.
Les points faibles de la valeur
- L'environnement dans lequel le groupe évolue est très concurrentiel.
- Les marges du groupe sont impactées par la hausse du coût des matières premières, du transport et le renforcement des systèmes d'assurance qualité.
- Certains analystes jugent que le groupe n'est pas assez présent aux Etats-Unis (26 % des ventes pour 40 % du marché mondial).
Comment suivre la valeur
- La stratégie de développement de BioMérieux présentée en janvier 2007 s'appuie sur le savoir faire du groupe en matière de diagnostic des maladies infectieuses et sur les besoins croissants de diagnostic dans le cancer ou les maladies cardio-vasculaires. La réalisation de ce plan sur 5 ans repose aussi sur une stratégie d'acquisition agressive qui permettra au groupe d'acquérir des "savoir faire" ou des parts de marchés sur certains segments (applications industrielles par exemple).
- Cette stratégie devrait permettre au groupe de générer une croissance des ventes comprises entre 7 et 9% par an entre 2007 et 2012 dont 5-6% lié à l'activité de R&D, 1% lié à l'optimisation du réseau commercial et 1-2% lié aux acquisitions. Le taux de marge opérationnelle devrait progresser de 100 à 150 points de base sur cette période.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pharmacie - Santé
Avec l'expiration des brevets de médicaments vedettes comme le Lipitor de Pfizer ou l'Effexor de Wyeth, le secteur devrait subir la disparition de 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires au niveau mondial d'ici à cinq ans. Pour faire face à ce phénomène, trois grosses opérations (de plus de 40 milliards de dollars chacune) ont été récemment annoncées : la première concerne l'acquisition par le suisse Roche de la totalité du capital de sa filiale Genentech, deuxième groupe américain des biotechnologies. La seconde est relative au rachat de Wyeth, fabricant de l'Advil, par l'américain Pfizer. Enfin la dernière porte sur l'absorption de Schering-Plough par Merck. Pour tous les acquéreurs l'objectif est de consolider leur portefeuille de médicaments. Ces rachats soulignent également l'intérêt croissant pour les biotechnologies et la diversification visée par les groupes dans ce domaine. D'autres opérations devraient voir le jour en considérant notamment la crainte des acteurs face à la réforme du système de santé prônée par le nouveau président américain Barack Obama.