C'est l'effervescence dans le secteur de l'agroalimentaire. Cadbury s'envole de 37,41% à 780,50 pence à la Bourse de Londres, après avoir rejeté une OPA généreuse de la part Kraft Foods. Le numéro un de l'alimentation en Amérique du Nord a proposé 300 pence et 0,2589 action par titre Cadbury, valorisant la totalité du capital du britannique à 10,2 milliards de livres (11,6 milliards d'euros), ce qui représente une prime d'environ 30% par rapport au cours de clôture du groupe vendredi.
Bien qu'il ait essuyé un refus de la part du numéro deux mondial de la confiserie, Kraft ne compte pas baisser les armes. Dans un communiqué, le groupe américain se dit "déterminé à oeuvrer en faveur d'une transaction recommandée et à maintenir un dialogue constructif". Selon le propriétaire des marques LU, Maxwell, Milka et Côte d'Or, un rapprochement donnerait naissance à "un leader global dans les snacks, la confiserie et les repas rapides, avec un portefeuille exceptionnel de marques de premier plan dans le monde entier", qui afficherait un chiffre d'affaires d'environ 50 milliards de dollars.
Kraft ajoute qu'une telle fusion permettrait de réaliser des économies d'au moins 625 millions de dollars par an avant impôt. De son côté, Cadbury s'est refusé à tout commentaire.
Selon certains analystes, l'offensive de Kraft pourrait faire des émules. "Nous pensons qu'il existe une probabilité raisonnable d'une contre offre de Nestlé et Hershey, Nestlé prenant le chewing-gum et Hershey le chocolat", a affirmé un expert d'Evolution Securities cité par Reuters. En France, Cadbury possède notamment les marques Carambar, Malabar, Vichy, Kréma, La Pie qui chante, Hollywood, Stimorol et Kiss Cool.
M-L.H.
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Agroalimentaire
En France, l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA) estime que les ventes ont progressé de 5,5% en 2008, à 162,9 milliards d'euros alors même que la part du budget moyen des ménages consacrée à l'alimentation a fléchi pour atteindre 13% (contre 14% en 2007). Néanmoins cette progression reflète essentiellement le renchérissement du coût des matières premières, qui a obligé les groupes agroalimentaires à accroître leurs prix de vente. Cette politique ne leur a pas toujours permis de préserver leurs marges : l'ANIA considère que seuls 25% de l'accroissement du prix des matières premières a pu être répercuté. Sur le premier trimestre le secteur résiste mieux que les autres sur notre territoire : 323 entreprises ont été placées en redressement judiciaire ou en liquidation, un chiffre en recul de 5% par rapport aux trois premiers mois de 2008. C'est beaucoup mieux que le reste de l'économie puisque, tous secteurs confondus, ce chiffre a bondi de 21%. L'autre indicateur qui souligne la bonne résistance de ce marché concerne l'emploi. Le nombre d'emplois est resté quasi-stable en 2008 (-0,6%) contre une baisse de 2% pour tous les secteurs. L'industrie agroalimentaire est le second pourvoyeur d'emplois en France (avec 412000 salariés) derrière la sidérurgie.