Thalès a chuté de 3,81% à 30,15 euros hier, pénalisé par une note d'analyste. Oddo a en effet abaissé sa recommandation d'Accumuler à Alléger, avec un objectif de cours de 30 euros. Selon le broker, le dossier de l'électronicien de défense "recèle plus de risques de déception à court terme que de dépassement des attentes". Oddo rappelle que les attentes sont fortes en raison du changement de PDG et de l'arrivée du nouvel actionnaire Dassault Aviation.
Mais ces changements risquent également d'avoir des conséquences négatives, comme une déstabilisation des équipes et une absence de présentation stratégique avant fin 2009. Oddo ajoute que la hausse de la rentabilité espérée par les investisseurs n'interviendra qu'à moyen terme, la durée moyenne de réalisation des contrats chez Thalès étant de l'ordre de deux ans, ce qui "réduit la réactivité".
Par ailleurs, "les déclarations des acteurs du marché, qui laissent penser que l'aéronautique civile aurait atteint un plancher, jouent plutôt en faveur d'une revalorisation des titres plus cycliques comme Zodiac Aerospace", estime l'analyste.
Enfin, Oddo anticipe d'éventuelles nouvelles annonces de dépassement de coûts ou la confirmation du ralentissement des prises de commandes observé au premier trimestre, ce qui risque de peser sur le titre lors de la présentation des résultats du premier semestre le 27 juillet.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Ex-Thomson-CSF, Thales est un acteur majeur de la Défense, de l'Aéronautique et de la Sécurité en Europe et dans le reste du monde. Il se positionne au second rang des entreprises de défense en Europe avec un chiffre d'affaires approchant les 13 milliards d'euros.
Le groupe est articulé autour de trois grandes activités : la Défense (50%), l'Aéronautique et l'Espace (25%) et la Sécurité (25%). Présent dans une cinquantaine de pays, Thales emploie 68 000 salariés, dont 50% hors de France.
En 2007, le groupe s'est rapproché des ex-arsenaux de la Marine, DCNS, qui a acquis la totalité de ses activités navales en France. Simultanément, Thales est entré au capital de DCNS à hauteur de 25%, aux côtés de l'Etat qui en conserve 75%. Thales a également cédé en 2006 une partie de ses activités dans les systèmes et équipements de navigations et a acquis les activités d'Alcatel dans le domaine des satellites et des systèmes critiques pour la sécurité. En échange, Alcatel a accru sa participation au capital de Thales de 9,5% à 20,8%.
Les points forts de la valeur
- Avec 75% de ses ventes réalisées avec des gouvernements ou des institutionnels à travers des contrats longs, Thales représente la valeur la plus défensive du secteur dans un contexte de ralentissement économique.
- A l'échelle mondiale, les budgets de Défense des pays n'appartenant pas à l'OTAN sont en forte croissance. L'électronique de Défense connaît un essor très rapide dans le monde entier, lié notamment à la crainte des attentats.
- Thales peut se prévaloir d'une diversification de sa base de clientèle grâce à son implantation multidomestique.
- Depuis le rachat du britannique Racal en 2000, le groupe est un acteur de la défense avec lequel il faut compter outre-Manche. Il se pose en véritable concurrent du champion national BAE Systems.
Les points faibles de la valeur
- La communauté financière spécule régulièrement sur de nouveaux mouvements de concentration dans le secteur aéronautique. EADS, désireux de renforcer son pôle défense, fait parfois figure de prédateur même si ses difficultés actuelles semblent limiter la probabilité d'un tel scénario. La recomposition probable du capital fait craindre un afflux de titres sur le marché et provoque un manque de visibilité sur la stratégie du groupe.
- Thales ne réalise qu'une portion limitée de son chiffre d'affaires défense aux Etats-Unis, qui demeurent de très loin le premier marché du secteur.
- Les retards de livraison de l'avion militaire A400M devraient pénaliser le groupe.
-Certains analystes estiment que les budgets militaires américain et britannique devraient se réduire à partir de 2010.
Comment suivre la valeur
- Valeur de défense, Thales est sensible à l'évolution des dépenses des gouvernements en matière militaire.
- En raison de ses activités aéronautiques, la société est également soumise aux cycles de ce secteur.
-Le groupe envisage d'augmenter sa participation au sein de DCNS à partir de 2009.
- Fin 2008, Dassault Aviation a signé un accord avec Alcatel-Lucent afin de racheter sa participation pour 1,56 milliard d'euros. La finalisation de l'opération devrait avoir lieu au printemps 2009. A l'issue de ce rachat, Dassault Aviation possèdera 26% de Thalès, puisqu'il reprend aussi les 5% détenus par sa maison-mère GIMD.
-La spéculation quant à un rapprochement avec Safran refait périodiquement surface.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Aéronautique - Défense
Les équipementiers sont inquiets. Ils considèrent que l'impact de la crise sur les compagnies aériennes peut remettre en question les cadences de production aujourd'hui prévues. Il est vrai que les constructeurs aéronautiques affichent leur manque de visibilité. Le dirigeant d'EADS, la maison mère d'Airbus, prévoit que face au manque de visibilité pour 2010, l'année prochaine pourrait être plus difficile que 2009 pour l'aéronautique civile. L'Association internationale du transport aérien (Iata) table, elle, sur des livraisons en chute de 30% en 2010. Airbus et Boeing ont déjà prévu de réduire leurs cadences de production. Cela se produira à partir de l'automne pour Airbus et en juin 2010 pour Boeing. Plusieurs sous-traitants prévoient une baisse de leur activité en 2009. Latécoère a adopté un plan d'économies pour faire face à un recul de ses revenus qui devrait atteindre 20% en 2009. L'entreprise pâtit notamment d'une forte diminution des fabrications pour les avions d'affaires de Dassault et les avions régionaux du brésilien Embraer.