Porsche a tenu lundi une réunion de crise de son conseil de surveillance pour éviter que le projet de fusion avec Volkswagen ne tourne au fiasco, en l'absence remarquée de l'un de ses héritiers, le très controversé Ferdinand Piëch.
La réunion convoquée sur le site de Weissach (sud-ouest) et commencée à 09H30 (07H30 GMT) s'est achevée vers midi, selon un porte-parole qui n'a pas commenté le contenu des discussions.
"Ferdinand Piëch n'y était pas, il est le seul membre du conseil de surveillance à ne pas avoir été là", a-t-il précisé.
Le rendez-vous était pourtant crucial pour les milliardaires de la famille Porsche/Piëch, qui contrôle complètement la marque de voitures de luxe détentrice d'environ 51% de Volkswagen (VW).
Dimanche, VW a annoncé que les discussions sur une fusion avec Porsche étaient interrompues, en raison de l'attitude peu constructive de ce dernier. Porsche dément, mais a confirmé qu'une réunion commune prévue lundi avait bien été annulée.
"D'autres rendez-vous sont prévus", a précisé Porsche, mais sans donner de date. "La date d'une reprise des discussions est complètement ouverte", a en revanche indiqué un porte-parole de VW.
Cette confusion provoque une vive inquiétude chez les salariés de Porsche, qui craignent un renversement complet de situation et un rachat de Porsche par VW. Fait rarissime lundi, environ 6.000 d'entre eux sur trois sites allemands ont cessé temporairement le travail lundi matin, selon le comité d'entreprise (CE).
Wolfgang Porsche et Hans Michael Piëch, le frère de Ferdinand, "m'ont assuré que Porsche resterait indépendant et que les familles propriétaires étaient suffisamment solides pour garantir cette indépendance", a de son côté déclaré le chef du CE Uwe Hück, cité dans un communiqué.
Début mai, la famille Porsche avait indiqué que le constructeur de voitures de sport renonçait à prendre le contrôle pur et simple de Volkswagen en montant à 75% du capital. Endetté à hauteur de 9 milliards d'euros, Porsche n'en a plus les moyens, et se trouve contraint de négocier une fusion avec sa proie.
Mais les tensions sont extrêmement vives entre, d'un côté, le patron de Porsche, Wendelin Wiedeking, traditionnellement soutenu par une majorité de la famille Porsche et, de l'autre, la direction et les syndicats de VW, réputés proches de l'autre membre éminent de la famille Porsche, Ferdinand Piëch, également président du conseil de surveillance de VW.
Les premiers tentent de sauver l'autonomie de Porsche, s'il le faut en faisant appel à un investisseur extérieur pour procéder à une augmentation de capital. "Les discussions avec plusieurs investisseurs se poursuivent", a affirmé le porte-parole de Porsche, sans plus de détails.
Les autres refusent que VW hérite des dettes de Porsche et veulent que celui-ci fasse d'abord le ménage en interne avant de fusionner. "Pour une fusion entre VW et Porsche, nous devons (...) avoir une image claire de la situation réelle de Porsche", a déclaré le patron de VW, Martin Winterkorn, dans une lettre aux salariés de son groupe, dont l'AFP a obtenu une copie.
"Nous avons besoin d'une totale transparence sur la situation actuelle" (...) pour ne pas mettre en danger "la stabilité financière et la souveraineté de Volkswagen", a-t-il ajouté.
La semaine dernière, Ferdinand Piëch avait attaqué à tout va la direction du constructeur de voitures de sport, signalant une nouvelle fois sa préférence pour un rachat des activités automobiles de Porsche par VW.
Selon la presse, Porsche envisagerait de demander un prêt d'un milliard d'euros auprès de la banque publique allemande KfW. Porsche n'a pas démenti l'information, affirmant simplement que le groupe "ne commentait pas avec quelles banques il discute".