"Dans un ENVIRONNEMENT économique plus difficile, Vinci aborde l'année 2009 avec sérénité, confiance et vigilance". Cette déclaration du groupe, combinée à des résultats annuels supérieurs aux attentes, ne pouvaient qu'emballer des investisseurs plus habitués ces derniers temps à commenter les perspectives déprimées des entreprises. En hausse de 9,13% à 27,13 euros, le titre signe ce matin la meilleure performance du CAC 40. Pour compléter l'ouvrage, Vinci a relevé son dividende de 6,6% et diminué son endettement, conduisant ainsi Credit Suisse a relevé son objectif de cours de 48 à 50 euros.
L'analyste estime que le cours de Bourse de Vinci ne prend pas en compte la valeur de la branche Contracting (activités de projets) alors que la valorisation de la division Concessions est selon lui de 41 euros, soit d'ores et déjà supérieure au cours actuel de Vinci. Le titre demeure le préféré du courtier parmi la liste des 12 valeurs qu'il suit dans le secteur.
Dans une note adressée à ses clients, Natixis Securities a estimé que cette publication devrait rassurer le marché en raison d'un résultat opérationnel supérieur aux attentes et d'une situation financière saine. Le bureau d'études a réitéré sa recommandation Renforcer et confirmé sa préférence pour Vinci au sein du secteur.
De son côté, Oddo Securities a salué les "très bonnes performances de Vinci en 2008". "Souvent, les publications de Vinci sont meilleures qu'attendu. Celle-ci ne déroge pas à la règle", a commenté le broker.
Vinci a en effet publié mardi soir un résultat net consolidé part du groupe 2008 de 1,591 milliard d'euros, en progression de 9,4% par rapport à celui de 2007 en données comparables. Le résultat opérationnel sur activité (ROPA) de la période ressort à 3,378 milliards d'euros, en progression de 8,3% par rapport à 2007 en données pro forma. Il représente 10,1% du chiffre d'affaires, contre 10,3% en 2007.
Les analystes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur résultat net de 1,54 milliard d'euros et un résultat opérationnel part du groupe de 3,21 milliards.
Le chiffre d'affaires 2008 de Vinci à méthodes comparables s'établit à 33,5 milliards d'euros en hausse de 10,3% par rapport à 2007. Selon le groupe, cette hausse, conforme aux objectifs, traduit une croissance organique de 4,6%.
L'endettement net du groupe a diminué de plus de 900 millions d'euros. Hors impact des financements de projets consolidés (sans recours contre Vinci), la réduction de l'endettement ressort à 1,3 milliard d'euros.
Le carnet de commandes, en progression de 8% sur 12 mois, à 23,2 milliards d'euros au 31 décembre 2008, représente 10 mois d'activité moyenne. "Les perspectives 2009 sont solides, Vinci tablant notamment sur des recettes autoroutières stables", a souligné Oddo.
(P-J.L)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Né en 2000 de la fusion de la SGE et de Groupe GTM, Vinci est le numéro un mondial des concessions, de la construction et des services associés. Présent dans plus de cent pays, le groupe est organisé autour de quatre pôles opérationnels: Vinci Concessions, Vinci Energies, Vinci Routes (Eurovia) et Vinci Construction. En décembre 2005, Vinci a été désigné par l'Etat pour la reprise de sa part de 50,4 % dans le groupe d'autoroutes ASF, pour un prix de 50 euros par action. Fort de l'acquisition d'ASF, il a réalisé en 2006 un chiffre d'affaires de 26 milliards d'euros en augmentation de 10,7%. Le groupe table une progression du chiffre d'affaires consolidé de 10% sur l'ensemble de l'année 2007 avant intégration de Solétanche Bachy et d'Entrepose Contracting. En 2007, Vinci a acquis Solétanche Bachy, un spécialiste des techniques pour l'amélioration des sols et Entrepose Contracting, spécialiste de la conception et la réalisation de projets clefs en main dans l'industrie du pétrole, du gaz, et de l'énergie. A la surprise générale, début janvier, François Pinault, via sa holding Artémis, a pris 5,1% du capital de Vinci. S'il s'agit officiellement d'un simple investissement financier amorcé depuis quelques mois. Début septembre, il ne détiendrait plus que 4,98% du capital.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Le groupe a de quoi séduire les investisseurs : avec un capital très éclaté, il a déjà été au coeur de rumeurs de rachat par LBO.
- La dynamique du marché de la construction et l'essor des PPP (Partenariats Public Privé) sont autant d'atouts dans les mains du groupe.
- Les fondamentaux du groupe sont excellents. L'acquisition d'ASF a renforcé le profil du groupe qui dégage désormais un peu moins des 2/3 de son Ebit et de son cash-flow opérationnel à travers les concessions.
- La société dispose d'un portefeuille d'activités très diversifié, qui lui permet de réduire sa sensibilité aux cycles économiques. En outre, les activités de concessions, très fortement renforcées par l'acquisition des ASF, assurent des revenus récurrents.
- Dans l'activité Construction, Vinci est très sélectif, privilégiant les marges, c'est-à-dire les contrats rentables, au détriment des volumes.
- Le groupe mène une politique active de distribution de dividende et de rachat d'actions.
Les points faibles de la valeur
- Le caractère très morcelé de son actionnariat. François Pinault avec un peu moins de 5% de participation est l'un des principaux actionnaires du groupe, au côté du Crédit Agricole (6,40%) et de l'homme d'affaires Romain Zaleski (2%).
- Le groupe n'est pas encore assez implanté dans les pays en forte croissance.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- L'activité Construction de Vinci est notamment sensible à l'évolution du secteur BTP, ainsi qu'à l'évolution des dépenses de l'Etat en matière d'aménagement du territoire, comme l'ensemble du secteur du BTP, ainsi qu'à la conjoncture économique, au niveau des taux d'intérêt (coût du crédit) et au climat (plus ou moins propice aux lancements de chantiers).
- Dans le sillage de l'acquisition des ASF, Vinci va lancer d'ici quelques mois une augmentation de capital qui ne devrait pas excéder 30 % du montant total de l'opération (8,9 à 9,1 milliards d'euros).
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - BTP
La plupart des indicateurs sont mauvais pour le secteur de la construction française au cours du premier semestre : les ventes des promoteurs immobiliers ont chuté de 30,9%, ce qui les a incités à différer ou abandonner certains programmes. C'est pourquoi les mises en chantier de logements ont reculé de 14,4% à fin juillet. Cette tendance n'a pas été compensée par les chiffres dans le secteur public puisque les mises en chantier de bâtiments administratifs ont reculé de 22,1% sur la même période. Le stock effectif (les logements commencés et ceux complètement achevés) s'est, lui, gonflé au premier semestre pour atteindre 6,6 mois de ventes contre 4,6 en 2007. La situation française est moins grave que celles des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l'Espagne, où les entreprises de construction cherchent à restructurer leurs dettes. Néanmoins, le nombre de défaillances d'entreprises s'est accru de 34% en France sur les six premiers mois de l'année, selon la FFB (Fédération Française du Bâtiment). Traditionnellement pourvoyeur d'emploi, le secteur commence à réduire ses recrutements : sur un an, 32000 postes ont été créés, contre 40000 l'année précédente. Plus de 1000 emplois intérimaires ont été supprimés au deuxième trimestre.