La compagnie aérienne allemande Lufthansa a franchi mercredi une nouvelle étape dans la consolidation du ciel européen, en présentant son offre sur l'autrichienne Austrian Airlines.
Le conseil de surveillance de Lufthansa a en effet approuvé le rachat de 100% de son homologue, en proposant de payer au maximum 377 millions d'euros.
Elle offre 366.000 euros pour la part de 41,56% détenue par la holding publique autrichienne ÖIAG, assortie d'une OPTION dépendant de "l'évolution économique future" d'Austrian Airlines (AUA) et de la performance de l'action Lufthansa, selon un bref communiqué.
Au mieux, l'allemande paiera 162 millions d'euros en plus au groupe public autrichien. Selon un calcul réalisé par l'AFP, la proposition de Lufthansa correspondra alors à un prix d'environ 4,4 euros par action, soit le même montant que celui offert aux autres actionnaires d'AUA.
Pour le reste du capital, Lufthansa propose 4,44 euros par action -- un chiffre qui doit encore être validé par les autorités autrichiennes compétentes. Au titre de cette offre publique, la compagnie allemande déboursera au maximum 215 millions environ.
Au total, sa contribution pourrait atteindre 377 millions si elle acquiert 100% du capital d'une compagnie très endettée, à hauteur d'1,4 milliard d'euros actuellement.
Une réunion du conseil de surveillance d'ÖIAG doit se tenir vendredi pour approuver l'offre, a précisé Lufthansa.
Mais la compagnie allemande a aussi assorti sa proposition de plusieurs conditions, notamment l'acquisition de 75% minimum du capital d'AUA. Surtout, la transaction dépend de la validation par la Commission européenne de la "restructuration de 500 millions d'euros" prise en charge par l'Etat autrichien.
Or Lufthansa doit faire face à la colère de Ryanair: la compagnie à bas coût irlandaise a demandé à Bruxelles d'interdire l'aide autrichienne à AUA.
Ryanair estime en effet que le rachat par Vienne de 500 millions de dettes d'AUA, soit plus d'un tiers du passif de la société, avant sa vente à Lufthansa, représente une "infraction claire" aux règles européennes sur les aides publiques.
De plus, la franco-néerlandaise Air France-KLM, candidate malheureuse, songe elle aussi à déposer une plainte sur les conditions du rachat, convaincue que Lufthansa a été favorisée par le gouvernement autrichien.
Mi-novembre, la holding ÖIAG avait indiqué qu'elle menait des discussions exclusives avec la compagnie allemande pour conclure le processus de privatisation d'AUA, après le retrait de la russe S7 et de Air France-KLM.
Mais toutes deux ont laissé entendre qu'elles n'avaient pas eu accès aux mêmes informations que l'allemande qui fait partie de la même alliance de transporteurs qu'AUA, Star Alliance.
Interrogée par l'AFP, une porte-parole de Lufthansa a refusé de réagir.
En cas de succès, il s'agit en tout cas d'un nouveau point marqué par Lufthansa dans la consolidation du secteur en Europe. Le rachat d'AUA va lui permettre de se renforcer notamment en Europe de l'Est, un secteur jugé lucratif par les analystes.
Elle a déjà récemment acquis Brussels Airlines et annoncé qu'elle allait monter au capital de la britannique BMI (British Midland). Lufthansa s'apprête également à lancer une nouvelle filiale en Italie.
Et dans ce même pays, elle reste une des favorites --avec Air France-KLM-- pour la reprise de la compagnie Alitalia.