Total envisage une offre d'achat sur le groupe canadien Nexen, a-t-on appris mercredi de source proche du dossier, confirmant des informations de presse, mais l'opération ne serait pas programmée dans l'immédiat en raison de conditions de marchés jugées défavorables.
D'après des informations publiées sur le site internet du Financial Times mardi et dans le quotidien mercredi, Total étudie une offre amicale sur le groupe canadien, pour 19,7 milliards de dollars canadiens (16,1 milliards de dollars américains), l'équivalent de quelque 38 dollars canadiens par action.
Selon le quotidien, Total aurait obtenu pour financer une partie de ce projet 9,5 milliards de dollars américains auprès de Société Générale, HSBC, BNP Paribas, RBS et Crédit Agricole.
Interrogé par l'AFP, Total a décliné tout commentaire.
Si l'offre se concrétisait, ce serait la plus grosse opération de Total depuis le rachat d'Elf en 2000 par échange d'actions pour un montant équivalent à 45 milliards d'euros.
"C'est vrai qu'ils regardent le dossier, mais ils n'ont pas encore signé le financement", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
"A notre connaissance, ils (la direction de Total, ndlr) ont décidé hier (mardi ndlr) de ne pas faire l'opération et de la repousser" pour une "question d'ambiance générale", a poursuivi cette source.
Selon elle, Total craint que cela ne "fasse baisser son cours de Bourse" et souhaite attendre que le prix de Nexen baisse.
Pour autant, l'opération n'a pas été abandonnée, car "racheter des compagnies pétrolières de taille moyenne qui ont des réserves directement exploitables est une excellente idée" pour Total, a-t-on affirmé de même source.
Nexen compte d'importants gisements dans les sables bitumineux de l'Alberta (ouest canadien), aux Etats-Unis, dans la mer du Nord ainsi qu'au Yémen.
"Cela fait très longtemps qu'il y a des rumeurs de rachat sur Nexen", relève une autre source proche du dossier, estimant que "rien ne sera décidé dans les prochains mois".
En janvier 2007, le quotidien canadien Globe and Mail mettait déjà en avant ce scénario.
De son côté, le site internet du Times assurait mercredi soir que Total aurait renoncé à l'opération, "trop risquée vu le peu de visibilité sur l'économie mondiale et la chute des cours du pétrole".
Le cours de l'action Total a été chahuté par ces différentes rumeurs: il a clôturé en baisse de 1,50% à 38,72 euros dans un marché parisien en hausse de 0,40%.
L'opération est, en effet, jugée par les analystes peu rentable à court terme pour le pétrolier français.
"Les sables bitumineux ont un coût d'extraction très élevé, au-delà des 60 dollars le baril, alors que le brut est actuellement à 45 dollars le baril", explique un vendeur d'actions parisien, jugeant un éventuel rachat "plutôt destructeur à court terme".
Il reconnaît cependant qu'une telle opération pourrait être "pertinente à long terme, du point de vue industriel", les spécialistes s'accordant à prévoir un prix du baril durablement élevé une fois la crise passée.
Total a renforcé par différentes opérations au cours des dernières années sa présence dans les sables bitumineux de l'Alberta au Canada, deuxième réserve mondiale d'or noir derrière l'Arabie saoudite avec quelque 173 milliards de barils.